L’inclusion numérique est sur toutes les lèvres. Pas un rapport, pas un discours sans qu’il en soit question. La dématérialisation totale des services publics devrait être effective en 2022 et une stratégie nationale pour un numérique inclusif a été lancée il y a deux ans. Mais la société connectée représente une entrave majeure pour les personnes démunies, handicapées ou âgées. Les travailleurs sociaux qui les soutiennent au quotidien en savent quelque chose. « Quand le passage au numérique est accompagné et quand une réflexion sur la procédure est menée, cela peut améliorer le taux de recours aux droits », rapportait l’ex-défenseur des droits en 2019. De fait, si les nouvelles technologies aggravent les inégalités comme l’a prouvé le confinement, elles simplifient aussi les procédures et peuvent faciliter le travail d’accompagnement social. Elles transforment surtout durablement les pratiques des professionnels, appelés à être vigilants pour rester en lien avec leur public et ne pas céder aux sirènes d’un système binaire qui fait fi des situations complexes et des données confidentielles. L’enjeu est de taille, aussi bien pour les publics accompagnés, davantage en attente de réponses immédiates qu’auparavant, que pour les travailleurs sociaux, de plus en plus soucieux des risques d’un monde en ligne et pas toujours bien préparés à ces usages. Particulièrement quand ils sont confrontés à des jeunes qui maîtrisent parfaitement les réseaux sociaux (pages 8 et 9). D’où l’importance que ces professionnels soient formés aux usages d’Internet et des réseaux sociaux. Certains organismes ont commencé à proposer des modules d’aide à la citoyenneté numérique et à la fonction de médiateur numérique ainsi qu’aux aspects réglementaires et éthiques que soulève la « plateformatisation » des activités, mais ils peinent encore à obtenir des financements (pages 10 et 11). De même, pour réduire la fracture numérique, de nombreuses associations de solidarité ont mis en place des dispositifs d’initiation, d’accès à Internet, de stockage de documents importants pour les personnes en situation de précarité ou sans domicile fixe. De leur côté, les professionnels se servent d’ateliers ludiques, de jeux et de films interactifs pour informer et protéger les mineurs accompagnés des dangers de la Toile. Car si les adolescents sont ce que l’on appelle des « digital natives », ils s’exposent et sont exposés à des fake news, au cyberharcèlement, aux défis en ligne… (page 12). Un phénomène d’autant plus inquiétant que les éducateurs spécialisés arrivent de moins en moins à rencontrer les jeunes physiquement (page 13), comme le démontrent les travaux de recherche menés par une équipe lorraine et récemment publiés sous forme de Livre blanc (page 15).
L’événement
A l’épreuve du digital
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