Au printemps dernier, la crise sanitaire, avec son confinement puis son déconfinement, a bouleversé les pratiques professionnelles au sein des pouponnières à caractère social. « Le challenge était immense : offrir de la sécurité aux enfants dans un contexte angoissant, gérer la question de la séparation parent-enfant exacerbée par les contraintes sanitaires », rappelle le docteur Daniel Rousseau, pédopsychiatre au foyer départemental de l’enfance du Maine-et-Loire. Mais étonnamment, en moins de quinze jours, « les jeunes enfants allaient globalement mieux, apaisés par un cadre plus stable et moins de sorties. L’éloignement physique contraint avec les parents semblait permettre un rapprochement affectif par les moyens numériques, smartphones, tablettes, écrans », souligne-t-il en introduction d’un ouvrage collectif, disponible en ligne. Fruit de la collaboration entre l’Association Saint-Ex pour la recherche en protection de l’enfance et le Gepso (Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux), il rassemble les textes écrits sur le blog Pégase (programme dont l’objectif est d’améliorer la santé des enfants pris en charge par la protection de l’enfance) par les professionnels d’une dizaine de structures d’accueil. D’emblée, Anne, éducatrice de jeunes enfants, signale qu’il va falloir nettoyer « au karcher nos habitudes de travail », envoyer des messages réguliers aux assistants familiaux pour leur dire : « Vous n’êtes pas seuls », faire comprendre aux enfants que l’école n’est pas finie… Parfois, la distance est bénéfique. Ainsi, cette petite fille de 7 mois dont le développement stagnait depuis qu’elle avait été en contact avec son père et sa mère, deux mois après son placement, et dont le sourire est réapparu quand les visites ont été suspendues. Une parenthèse qui a montré aussi que certains parents faisaient preuve d’une capacité d’adaptation insoupçonnée, tandis que d’autres étaient dans l’impossibilité de faire face. Mais finalement, reconnaît le responsable du foyer de l’enfance de Strasbourg, il y a eu « plus de rires que de pleurs » …
« Les enfants et le virus. La vie quotidienne et les inventions dans les pouponnières sociales lors du Covid-19 » – En accès libre sur bit.ly/34jnc4V.