Ce livre n’a rien d’une énième analyse du « monde d’après ». Il a été écrit presque par instinct pendant le confinement par l’anthropologue Michel Agier, dont le monde social constitue le terrain depuis longtemps. Point n’est besoin pour cela d’aller dans des contrées éloignées, d’étudier des populations différentes. Son propos : Africain, Vietnamien ou Français, nous partageons tous la même planète et la même pandémie. Les réflexions qui émaillent les textes sont un « miroir du moment », un « fil d’idées » plaqué à un « fil d’actualités » et à un fil conducteur, la peur. S’agit-il, pour conjurer ou se moquer de celle-ci, de brandir des épouvantails, comme dans les carnavals du Moyen Age ? Ou juste de prendre conscience de la précarité du vivant et de la vie commune ? « Concernant la santé, les inégalités sociales, l’économie, la faim, l’environnement, le climat, les migrations ou la réponse aux catastrophes, la perspective mondiale est indispensable, même si les mobilisations locales le sont aussi », affirme le fondateur de la revue semestrielle Monde commun.
« Vivre avec des épouvantails. Le monde, les corps, la peur », Michel Agier – Ed. Premier Parallèle, 16 €.