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Hébergement d’urgence : des acteurs prêts pour la seconde vague

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Les structures d’hébergement d’urgence ont pris la mesure de la nouvelle montée de l’épidémie. Si des outils efficients pour les professionnels existent, la généralisation du placement en logement individuel et l’isolement systématique des personnes testées positives doivent permettre d’y faire face.

Alors que la situation sani­taire se dégrade à nouveau en France, la prise en charge de l’hébergement et de l’accompagnement des personnes les plus précaires n’est pas renforcée par des moyens budgétaires et humains significatifs. Centres d’hébergement d’urgence, centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada), résidences sociales… Les établissements du secteur semblent pourtant prêts à affronter cette seconde vague de crise par la pratique des connaissances acquises depuis le mois de mars.

« Nous ne recensons pas de nouvelles mesures depuis celles qui ont été prises au moment du déconfinement. Même si nous sommes un peu dans l’attente, nous n’avons pas l’impression qu’il y a une volonté de modifier l’existant. Et nous n’avons pas de remontées d’inquiétudes majeures de nos adhérents », indique Victor d’Autume, chargé de mission hébergement pour la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe entre 80 et 90 % des associations en charge d’hébergement pour les plus précaires.

Des outils qui font preuve

Sur le terrain, la mise en place de protocoles sanitaires pour assurer la sécurité des usagers et des travailleurs sociaux a été intégrée. « Avec la direction, nous avons réfléchi pour assurer au mieux la prévention et la protection de nos salariés et des résidents », explique Céline Ganter, cheffe de service au Cada d’Haguenau (Bas-Rhin) pour l’association Accueil sans frontières 67 (ASF). Pour ce faire, la possession de matériel (gel, masques…) en quantité suffisante, la délimitation des bureaux en fonction des locaux et la prise de rendez-vous systématique au profit de l’accueil généralisé permettent de garantir l’activité tout en assurant la sécurité. L’organisation semble également bien définie au sein des structures de France terre d’asile. Sa directrice générale, Delphine Rouilleault, ajoute qu’un travail de pédagogie a été mené auprès des usagers. A ses yeux, l’urgence n’est pas notoire, dans la mesure où seulement quelques cas de Covid-19 sont recensés parmi les travailleurs et les usagers. Et si la situation est actuellement sous contrôle, une augmentation des cas parmi les salariés est aussi anticipée, par le biais d’un plan de continuité de l’activité. « La souplesse de nos dispositifs nous permet de faire appel à du renfort auprès de collaborateurs voisins, et nous savons que, même si ce n’est pas l’idéal, en cas d’urgence, une partie de l’accompagnement peut se faire à distance de manière ponctuelle », explique-t-elle. Concernant la prise en charge des usagers, l’inquiétude d’une dégradation de la situation est relative, du fait du caractère diffus des hébergements de l’association, qui ne sont majoritairement pas collectifs. L’isolement des cas positifs est donc facilité, limitant ainsi les risques de propagation massive du virus.

Systématiser l’hébergement individuel

Comme le montre une enquête menée en Ile-de-France par Médecins sans frontières (MSF), Epicentre et l’institut Pasteur et publiée le 6 octobre, la proximité favorise la contagion. « Les résultats confirment que la circulation du virus a été plus particulièrement active dans les situations où la promiscuité était la plus forte, c’est-à-dire quand la personne doit partager chambre, douche et cuisine avec plusieurs autres personnes » souligne Thomas Roederer, épidémiologiste à Epicentre. « Les lieux collectifs comme des gymnases sont à éviter au maximum, au profit des placements en hôtels et des hébergements avec des espaces de vie individuels », recommande ensuite Corinne Torre, cheffe de mission en France pour MSF. Les précautions sont prises pour endiguer cette réalité dans la gestion des Cada et des hébergements d’urgence des demandeurs d’asile (Huda) que gère Céline Ganter. « Nous prévenons toujours l’Office français de l’immigration et de l’intégration du type de logements vacants dont nous disposons afin que les personnes fragiles n’y soient pas positionnées. Si c’était le cas, cela pourrait engendrer plus de problèmes que cela n’en règle », indique-t-elle. La cheffe de service reconnaît toutefois que les places supplémentaires réservées à la période hivernale sont déjà toutes allouées et que la perspective d’un reconfinement inquiète.

Canicule, période hivernale, migrants… La gestion du virus par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France interagit aussi avec d’autres problématiques. C’est ce qu’affirme Luc Ginot, son directeur de la santé. La semaine dernière, trois réunions ont été organisées par l’agence avec la direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (Drihl), réunissant respectivement des associations (Emmaüs, Aurore, le Samu social et la Croix-Rouge), des représentants de foyers de travailleurs migrants et des professionnels d’interventions de type maraude. « Nous travaillons de très près avec les directeurs de structures, et ils sont moins inquiets qu’en février. Ils ont formé leur personnel et se sentent moins seuls », explique Luc Ginot.

En Île-de-France, Une prise en charge renforcée

En ce qui concerne l’augmentation des cas positifs, les personnes précaires seraient moins concernées que la population générale. « Nous observons le même mouvement, mais de manière un peu décalée. » Alors que 6 clusters avaient été déclarés sur la région en août, 13 ont été répertoriés en septembre.

Pour répondre à l’évolution de la situation, les maraudes se sont vues renforcées, les moyens d’accueil pour personnes testées positives ont augmenté et les équipes mobiles se sont développées. Chaque signalement par une structure permet l’intervention d’une équipe mobile composée d’un médecin et de personnels volontaires ou mis à disposition par une structure hospitalière. Depuis le début de la crise, 610 équipes mobiles sont intervenues et les cas positifs s’élèvent à 750 pour 13 000 tests effectués. Par ailleurs, 1 200 personnes ont été admises dans les trois centres Covid mis à disposition par l’ARS. « On va les regrouper sur un seul site au centre de la région car ils sont trop éloignés et le système de transports mis en place pour déplacer les malades n’est pas pratique », explique Luc Ginot. Par ailleurs, une application est mise à la disposition des structures pour faire le lien avec l’ARS d’Ile-de-France, qui a connaissance de la situation chaque soir et peut organiser des interventions dans la matinée suivante. « Quand on aura les nouveaux tests antigéniques, nous les utiliserons de façon adapté. Ce qui est important pour nous, c’est d’aller vers ce type de publics et de leur proposer une prestation de qualité. Depuis le second semestre, un million d’euros a été alloué à leur prise en charge », conclut Luc Ginot.

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