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République démocratique du Congo : Menaces sur l’hôpital de Panzi

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Spécialisé dans la reconstruction et la réinsertion des victimes de viols en RDC, l’hôpital de Panzi est dans la tourmente. Son fondateur, le docteur Denis Mukwege, demeure la cible de menaces de mort liées à son combat pour la fin de l’impunité dans le conflit meurtrier de son pays. La population de Bukavu se mobilise pour le protéger.

IL VIT PROTEGE EN PERMANENCE PAR DES POLICIERS CONGOLAIS ET DES ELEMENTS DE LA MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC). Et Michelle Bachelet, l’ancienne présidente du Chili chargée des droits de l’Homme à l’ONU, a demandé à la fin du mois d’août une « action rapide » pour identifier les auteurs des menaces de mort contre le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 en récompense de son combat dans la reconstruction physique et psychologique et la réinsertion sociale des victimes de viols en RDC. C’est à l’est de l’ancien Zaïre, aux frontières de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie que se déroule depuis 1996 et le crépuscule du maréchal Mobutu le conflit le plus meurtrier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Malgré un accord de paix signé en 2002, les provinces de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu demeurent infestées de groupes armés obéissant à des logiques purement locales ou téléguidés par les pays voisins. Leur but ? Piller les innombrables trésors des terres les plus riches du continent africain, qui regorgent d’or, de diamants ou du fameux coltan, minerai indispensable à la fabrication des téléphones et ordinateurs portables. Et leurs méthodes ? L’assassinat de masse, mais aussi le viol, institué ici en tant que véritable arme de guerre.

Les innombrables victimes sont soignées par les équipes du docteur Mukwege à l’hôpital de Panzi, situé à 8 km de Bukavu (Sud-Kivu). La structure compte au total 370 médecins et dispose de 450 lits, dont 250 sont dédiés aux victimes de violences sexuelles ainsi qu’aux femmes nécessitant des soins gynécologiques complexes. Le 3 septembre dernier, plusieurs centaines d’habitants de Bukavu manifestaient pour exiger la protection du prix Nobel, avec en tête du cortège de nombreuses femmes congolaises soignées dans sa structure. Une « visibilité » symbolique de la réussite du programme de reconstruction et de réinsertion de ces victimes ayant parfois souffert, selon Denis Mukwege, de lésions et de mutilations génitales « indescriptibles ». Et qui témoignent de la volonté non « seulement » d’obtenir un rapport sexuel sous la contrainte, mais bien de détruire physiquement et moralement des femmes menacées d’être répudiées par honte, déshonneur, pressions sociales ou peur des maladies sexuellement transmissibles.

La peur panique de la sortie

A Panzi, on ne se contente donc pas de tenter de réparer l’indicible, infligé indistinctement à des enfants en bas âge, à des fillettes à peine pubères ou à des femmes de plus de 80 ans. Les équipes médicales s’efforcent d’abord de briser la barrière de la langue – plus de 400 dialectes existent en RDC – pour recueillir la parole des patients, mettre en place une thérapie cognitivo-comportementale, avant de gérer la peur panique de la sortie de l’hôpital.

Car la situation sécuritaire n’évolue guère dans les provinces orientales du géant d’Afrique centrale. Le chiffre de 500 000 victimes de viols en lien avec la guerre, avancé par les équipes de Denis Mukwege, ne rend compte que de manière abstraite de l’horreur d’un conflit dont la létalité demeure largement inconnue, oscillant entre 2 et 5 millions de morts depuis 1996. Avec 1 500 femmes accueillies et soignées chaque année, l’hôpital de Panzi n’a évidemment pas les ressources pour faire face à l’ampleur de crimes dont Denis Mukwege exige que les coupables et leurs commanditaires soient jugés. D’où les attaques et menaces de plus en plus explicites visant le médecin et ses équipes.

…et d’ailleurs

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