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Personnes âgées : les partenaires sociaux en ébullition

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Alors que les cas de coronavirus repartent à la hausse, les syndicats veulent profiter de la rentrée pour peser dans les prochaines discussions concernant le secteur du grand âge. En agitant la menace de mouvements sociaux importants.

« JE PENSE QUE LA RENTREE VA ETRE PARTICULIEREMENT MOUVEMENTEE. Il y a un ras-le-bol généralisé. Les professionnels sont en ébullition. Il n’y a pas un salarié qui ne se dit pas prêt à faire grève. La marmite est prête à exploser… » Le décor est planté. Après des semaines de confinement, des mois de gestion de crise sanitaire et des années en sous-effectifs, les professionnels du grand âge sont décidés à se faire entendre. C’est en tout cas ce qu’affirme Malika Belarbi, aide-soignante en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) public et responsable du collectif national CGT Santé « accueil des personnes âgées ». Elle complète : « L’annonce de cet été sur les primes ne nous a pas apaisés. Nous estimons que tous les personnels doivent en bénéficier. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les contrats aidés en sont par exemple complètement exclus. »

Mais la principale inquiétude en cette rentrée est le retour à la hausse des cas de Covid-19. « Les personnels ont peur, assure l’aide-soignante. J’ai l’exemple d’une infirmière en Ehpad qui est partie trois semaines en vacances. Depuis qu’elle est revenue, elle est dans un état de burn-out. Elle n’en peut plus et n’arrête pas de pleurer. Elle estime ne pas pouvoir y arriver en cas de seconde vague. Une autre personne me dit qu’elle ne veut plus entrer dans les chambres en cas de Covid car elle ne veut pas mettre en jeu sa sécurité, sa santé. Les salariés ont conscience qu’ils vont vers la mort. »

Alors que le ministère a publié un nouveau protocole à destination des établissements, Malika Belarbi estime que ces mesures arrivent bien tard : « Le 11 août, la HAS [Haute Autorité de santé] a mis en place de nouvelles recommandations. Mais, à cette date, de nombreux personnels avaient déjà terminé leurs vacances. On a donc pris le risque de faire circuler le virus dans les établissements. De plus, le temps que les directions, qui sont à la limite du burn-out, les assimilent, il était trop tard. Le virus circule. » Et la syndicaliste de pointer : « Ces recommandations auraient dû être prises dès le mois de juin. Tout de suite après la première vague, on aurait dû retravailler sur différentes directives et protocoles pour justement prévenir. Mais là, comme au début de la crise finalement, on a pris des décisions en retard. »

Le désarroi des salariés

« Il y a une forte inquiétude des salariés face à la hausse des contaminations, surenchérit Gilles Gadier, secrétaire fédéral FO “services public, services de santé”. Le public le plus vulnérable est dans les Ehpad, donc nécessairement les professionnels s’alarment. Aujourd’hui, si une partie du problème est réglée avec l’arrivée en nombre suffisant des équipements de protection individuelle, il n’en reste pas moins que le manque d’effectifs pose un véritable problème. » Un déficit de personnels dénoncé de longue date par l’ensemble des acteurs du secteur. C’est pourquoi les syndicats entendent peser dans les différents dossiers de la rentrée. Car entre la remise du rapport « Vachey », le Laroque de l’autonomie et la présentation de la future loi « grand âge et autonomie », les prochaines semaines s’annoncent particulièrement agitées. Et les différentes fédérations s’accordent à dire que l’urgence est d’augmenter le nombre de professionnels et de tendre vers le ratio d’un salarié pour un résident. « Les différents rapports ciblent bien les manques, font de bonnes propositions. Mais quant à l’analyse qui en est faite par les politiques, il y a de quoi s’inquiéter », s’agace Malika Belarbi.

Une journée nationale de grèves et de manifestations est prévue le 17 septembre. Un appel à la grève de la CGT suivi par d’autres syndicats, mais pas par Force ouvrière, qui préfère « attendre de voir ce qu’il y a dans la loi avant de se mobiliser ». Gilles Gadier précise : « Si les moyens mis sur la table sont insuffisants, il est certain que le gouvernement nous trouvera sur son chemin pour le lui dire. A ce moment-là, nous orchestrerons le rapport de force pour essayer d’infléchir les lignes et avoir ce dont nous avons besoin pour travailler. »

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