Recevoir la newsletter

La lutte contre la pauvreté dans l’impasse ?

Article réservé aux abonnés

Nombre de Français ont basculé dans la précarité du fait de la crise sanitaire. Mais les pouvoirs publics tardent à se saisir de la question, à l’exception, peut-être, en matière de logement.

UN MILLION… C’EST LE NOMBRE DE PERSONNES PAUVRES SUPPLEMENTAIRES A PREVOIR D’ICI LA FIN DE L’ANNEE EN FRANCE selon les associations représentatives, qui s’appuient sur l’augmentation des distributions d’aide alimentaire. Au dernier comptage de l’Insee fin 2019, 14,7 % des Français vivaient déjà sous le seuil de pauvreté (environ 1 050 € par mois pour une personne seule). Pourtant, les associations déplorent ne plus recevoir la moindre nouvelle de la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté pourtant portée par le président de la République lui-même en 2018. « Le sujet de la pauvreté passe complètement sous les radars. Je n’ai jamais entendu Jean Castex ou Olivier Véran en parler », commente Jérôme Voiturier, directeur général de l’Uniopss, membre du collectif Alerte.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le plan de relance n’a pas encore été annoncé mais les associations prévoyaient qu’il ferait l’impasse. Ce d’autant que depuis la nomination du gouvernement « Castex » (voir ce numéro, page 20), tout pilotage politique a disparu : aucun secrétaire d’Etat n’a été chargé de cette question et, estime Jérôme Voiturier, si dans les textes Olivier Véran est aussi chargé des solidarités, il est pour l’heure « à 150 % ministre de la Santé ». « Nommer un secrétaire d’Etat rattaché au Premier ministre aurait été un symbole fort », renchérit Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD quart monde. La marque d’une volonté politique de se saisir de la question. Au lieu de cela, ne reste qu’une technicienne, la déléguée interministérielle Marine Jeantet(1). Les associations ne remettent pas en cause son travail mais observent ses marges de manœuvre réduites. Son service de communication répond d’ailleurs en effet être en attente des arbitrages.

Des réformes au point mort

Résultat : de nombreuses réformes et discussions sont au point mort. Celles autour de la création d’un revenu universel d’activité (RUA) en particulier. En attendant, les organisations rappellent les solutions qu’elles préconisent.

D’abord, elles soulignent que l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire ne suffira pas à résoudre les difficultés des plus pauvres. Les repas à 1 € dans les restaurants universitaires sont une bonne initiative, mais ils ne concernent pas les jeunes les plus précaires, ceux sortis du système scolaire sans diplôme. « Or les missions locales sont submergées par des demandes de ces publics », pointe Marie-Aleth Grard. Leur recommandation porte sur l’augmentation des minima sociaux, mais elles savent n’avoir aucune chance d’être entendues sur ce point, le verrou étant présidentiel.

A n’en pas douter, la discussion qui commence au Parlement mercredi 9 septembre, autour de la proposition de loi pour étendre l’expérience « Territoires zéro chômeur de longue durée », sera pour les associations l’occasion d’attirer l’attention sur les plus précaires et d’exprimer leurs points de vue.

Pour l’heure, seules les thèmes du logement font l’objet d’un relatif consensus entre les associations et le gouvernement. « Il y a une volonté réelle de ne pas perdre les bénéfices de la période de confinement avec ses 14 000 places pérennisées annoncées par Emmanuelle Wargon », note Florent Guéguen, co-porte-parole du Collectif des associations unies. La nouvelle ministre déléguée chargée du logement a aussi promis 10 millions d’euros pour la réalisation des travaux d’humanisation des centres d’hébergement. Pour autant, relève Florent Guéguen, « ce n’est pas le big bang du Logement d’abord, beaucoup de personnes restent encore sans solution lorsqu’elles appellent le Samu social. Il faudrait produire beaucoup plus de logements sociaux et très sociaux ce qui, de surcroît, contribuerait à la relance de l’économie ! »

À suivre

• Alain Christnacht, président du Samu social de Paris, rendra cet automne un rapport sur la protection, l’hébergement et le logement des précaires.

• Nicolas Démoulin, député de l’Hérault, fera des propositions en décembre sur la prévention des expulsions locatives.

Notes

(1) Voir son interview, ASH n° 3166 du 26-06-20, p. 8.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur