RAPPORT « VACHEY », LAROQUE DE L’AUTONOMIE, SUIVI DU SEGUR DE LA SANTE, PLFSS, LOI « GRAND AGE ET AUTONOMIE »… La rentrée s’annonce chargée pour les différents acteurs de l’accompagnement des personnes âgées. D’autant que l’actualité a connu un coup d’accélérateur début août. En déplacement à Toulon (Var), Emmanuel Macron a confirmé que le chantier de l’autonomie devrait être parachevé « d’ici la fin de l’année ». Alors que ce dossier ne figurait pas dans son programme présidentiel, dès juillet 2018, le chef de l’Etat avait lui-même fait part, à la suite d’un mouvement de grèves dans le secteur, de sa volonté de faire une loi « grand âge et autonomie ». Depuis, de nombreux rapports (« Libault », « El Khomri », « Dufeu Schubert »…) ont permis de dresser les constats et de prendre conscience des manques, mais la loi tant attendue n’a toujours pas vu le jour.
Sans cesse repoussé par l’actualité (« gilets jaunes », retraites, crise du coronavirus), ce chantier est-il toujours une priorité ? C’est ce qu’affirme le gouvernement. Pour autant, sur le terrain, le doute persiste. « On ne peut que se satisfaire de l’annonce de la future loi. Au moins d’un point de vue symbolique, le calendrier s’accélère. Cela risque toutefois de coincer un peu à la rentrée, craint Hélène-Sophie Mesnage, déléguée générale adjointe de l’Unccas (Union nationale des centres communaux d’action sociale). C’est pour cela que les prochaines semaines et les prochains mois vont être déterminants. Cela donnera la teneur des orientations. Ne serait-ce que sur la loi “grand âge”. Car, pour l’instant, tout reste à faire. » Et de rappeler : « En 2003, nous avons pu tirer quelques enseignements de la canicule [en particulier avec la création de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et celle du jour de solidarité, ndlr]. Il serait bien que l’on arrive à faire de même avec le Covid-19. »
Mais les fédérations n’ont aucune garantie. Si la nomination d’une ministre déléguée en charge de l’autonomie, en la personne de Brigitte Bourguignon, a été perçue comme un signe positif envoyé au secteur, les acteurs du terrain sont dans l’attente. Nombre d’entre eux ont toutefois eu l’occasion d’échanger avant les vacances avec la ministre, de lui resignifier l’urgence de concrétiser cette loi et de lui transmettre leurs priorités. A savoir, l’augmentation du taux d’encadrement et l’amélioration de l’attractivité des métiers. « Une chose est attendue par tous : il faut plus de professionnels, confirme Marc Bourquin, conseiller stratégie à la FHF (Fédération hospitalière de France). S’ils s’estiment eux-mêmes mal payés, ils assurent que l’urgence est de recruter massivement [plus précisément, la FHF estime qu’il faut 20 000 professionnels supplémentaires par an, ndlr]. Sur ce sujet, nous attendons que les pouvoirs publics prennent des engagements et qu’ils mettent sur la table un programme d’accroissement des effectifs. Or, pour le moment, je n’ai pas vu de discours, d’engagement précis à ce sujet. »
« Nous entendons parler d’un Laroque de l’autonomie, mais nous ne savons pas quels contours il va prendre. Nous attendons avec impatience d’être réunis par madame la ministre », assure de son côté Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées). Et d’ajouter : « J’espère simplement que ce Laroque de l’autonomie ne débouchera pas sur un énième rapport. A mon sens, cela doit être une négociation pour aboutir à des vraies avancées, pour arriver à un projet de loi. » Finalement, c’est Hélène-Sophie Mesnage qui résume le mieux la situation : « S’il y a un intérêt évident du gouvernement à faire la loi, nous n’avons aucune garantie. C’est sûr que si l’on aboutit une fois de plus à une coquille vide, cela ne fera que surajouter à l’ensemble des crispations du secteur, qui ont été accentuées par la crise. » Et de mettre en garde : « Cela risque de tanguer. »