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Bienveilleur de nuit : l’émergence d’un nouveau métier

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Le foyer Georges-Guénier, en Normandie, planche sur la définition des nouveaux visages des gardiens de nuit. Un profil professionnel encore en élaboration et qui gagnerait, selon son promoteur, à recueillir des avis d’autres structures, y compris hors du champ du handicap.

« UN GARDIEN DE NUIT PEUT SE SENTIR DEPHASE PAR RAPPORT AU RESTE DE L’EQUIPE, et donc connaître une souffrance au travail : il occupe un poste sans réellement faire partie de l’organisation, sans qu’on l’invite aux réunions… Et ce manque de lien, de cohésion, entre un homme seul qui travaille de nuit et le reste de l’équipe qui œuvre de jour est néfaste aux résidents aussi. » Fort de ce double constat, Thierry Lebreton, directeur du manoir Georges-Guénier, un foyer de vie pour aveugles et malvoyants situé à Vaudrimesnil (Manche), a entamé une réflexion autour de ce métier et dessiné les contours d’une nouvelle profession, qu’il nomme « bienveilleur de nuit ».

« Nos 29 résidents sont des personnes vulnérables, fragiles sur le plan psychologique, qui entrent ici le plus souvent assez tardivement, après un accident ou une évolution de leur pathologie, le décès d’un parent, ou un échec de vie autonome. Aussi ont-ils besoin d’évoluer dans un climat de confiance et de proximité avec les personnels. » Outre la situation propre à l’établissement, les relations avec le département, financeur, ont conduit à cette réflexion autour des bienveilleurs de nuit : la signature du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM), entré en vigueur le 1er janvier 2018, a contraint ce foyer à créer trois postes de gardiens de nuit alors qu’initialement il n’en éprouvait pas le besoin. Auparavant, seule une sonnette d’alarme avait été mise en place. « On nous proposait de recruter des personnes qui arriveraient quand tout le monde serait parti, les résidents couchés, sans lien avec les équipes ou les personnes accompagnées, sans possibilité de les contrôler, sans que leur métier ait aucun sens. » La première action a donc consisté à adapter leurs horaires de travail pour garantir un temps réel de passation entre les équipes de jour et les bienveilleurs de nuit.

De quoi offrir un plus aux résidents, qui peuvent parler de leurs terreurs nocturnes lorsqu’elles surgissent, ou prendre un train plus tôt le matin s’ils souhaitent se déplacer. Auparavant, ils devaient adapter leurs horaires de voyage à ceux de présence des salariés, en journée. De quoi, aussi, modifier le profil des candidats retenus, en tenant compte en premier lieu de leur approche humaine du métier : « Le poste ne doit plus être perçu comme relevant de la gestion du risque, d’agressions extérieures par exemple, mais comme une source de réconfort. »

Au début 2020, Thierry Lebreton a commencé à dispenser des modules de formation à l’institut régional du travail social (IRTS) de Caen-Normandie (Calvados), sous forme d’une demi-journée d’enseignement pour celles et ceux qui veulent devenir veilleurs de nuit (majoritairement des hommes) ou maîtres de maison (le plus souvent des femmes). Alors que le cursus des bienveilleurs de nuit est en cours de formalisation, Thierry Lebreton espère recueillir des avis sur la pertinence de la démarche. Il aimerait notamment savoir si ce qu’il a mis en place pour des personnes déficientes visuelles conviendrait à d’autres secteurs tels que la protection de l’enfance.

Inspirations d’ici…

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