Du décrochage au raccrochage scolaire

AU MOINS 500 000 ELEVES ONT DECROCHE DES COURS DEPUIS LE CONFINEMENT mais le phénomène ne date pas d’hier. Si l’Education nationale définit les « décrocheurs » comme ceux qui ont quitté l’école sans diplôme ni qualification, le terme recouvre diverses situations : abandon, absentéisme, phobie, maladie… Qui sont-ils exactement, pourquoi ont-ils déserté les bancs de l’école, quelles en sont les conséquences et, surtout, comment prévenir ces absences et accompagner les jeunes et leurs parents souvent très démunis ? Autant de questions auxquelles tentent de répondre le dossier d’Enfances & amp ; Psy. En France, environ 100 000 élèves sont concernés chaque année, principalement des moins de 16 ans, âge au-dessus duquel l’école n’est plus obligatoire. Parmi eux, ceux souffrant de phobie scolaire sont de plus en plus nombreux dans les consultations médico-psychologiques. Leur peur de l’école pourrait être liée à un « excès d’accrochage » à leur vécu d’enfant, selon l’hypothèse des chercheurs. De même, l’absentéisme scolaire trouve parfois ses origines dans les difficultés rencontrées par les parents à l’école, brouillant ainsi la représentation que vont en avoir leurs enfants. D’autres facteurs interviennent dans le décrochage comme l’origine sociale, le redoublement, l’âge, le sexe, le déménagement, le dysfonctionnement familial, la mauvaise maîtrise de la langue française, le climat délétère dans l’établissement, l’orientation… Au-delà des causes, comment faire revenir aux études ceux qui en sont sortis ? Peu de travaux existent sur le sujet. Dans la majorité des cas, le raccrochage intervient après un déclic, un père qui sort de prison, l’ennui qui finit par prendre le pas sur les journées sans cours, les copains qui réussissent leur cursus… Un événement relativement banal peut provoquer la bascule, mais Joël Zaffran et Juliette Vollet, enseignants à l’université de Bordeaux, estiment que, sous une apparente spontanéité, les jeunes qui raccrochent ont mûri longtemps leur décision, indiquant ainsi qu’ils ne sont pas « dépossédés de leur capacité d’action ».