Voilà, on y est… C’est la rentrée.
Deux semaines de vraies vacances, loin du boulot et de mon chat. Naïvement optimiste, j’avais emmené mon ordi pour prendre un peu d’avance sur la rentrée… mais bon, la connexion était pourrie, j’étais pas inspirée, et puis surtout, les Pyrénées étaient à portée de pied et il y avait de jolies grottes à visiter. En vacances j’oublie tout, plus rien à faire du tout.
Mais voilà, il faut bien y retourner. Remettre le nez dans le planning, j’attaque du matin avec Bidule, je bosse le week-end avec Machin, y a le rendez-vous ophtalmo du fiston à caser et… mince, ça coince.
Me replonger dans la liste des fournitures scolaires des enfants. Il ne me manque que le cahier grands carreaux format italo-scandinave à reliure en fil de laiton torsadé à la main par un ouvrier chaussant du 44 et originaire du Bhoutan oriental 89 pages couverture chocolat bleu pâle. Ça va le faire. Tranquille.
Répondre aux mails. Cagnotte pour l’anniversaire de Truchine, spam, un généreux donateur anonyme me lègue sa fortune, un mail urgent qui ne l’est plus car le délai est passé, un compte rendu d’une réunion pas très intéressante, spam… Ctrl-A, Ctrl-Z. Voilà, c’est trié réglé oublié.
J’avais poliment ignoré les réseaux sociaux pendant les vacances, je les redécouvre avec stupéfaction.
Sur l’icône du petit appareil photo sur fond multicolore, les vacances de mes amis semblent irréelles. Paysages magnifiques, enfants merveilleusement enjoués, cuisine locale enchanteresse… Si ça se trouve, le gîte était pourri, les enfants odieux et la bouffe industrielle hors de prix leur a donné la chi… mais chut ! L’image du bonheur, ça donne bonne mine et ça fait rager les copines.
Sur le réseau social du F blanc sur fond bleu, il paraît que le virus n’a jamais existé. Réveillez-vous, tout ça n’est qu’un vaste mensonge des dirigeants capitalo-libéralo-dictatoriaux, les chiffres sont faux et les morts sont vivants, d’ailleurs ma cousine a un pote dont le patron connaît à peu presque le voisin de la concierge du plombier du conseiller du secrétaire du ministre de la Santé. En vrai, le gouvernement veut nous vendre des masques en laine angora et créer un nouvel impôt sur le textile. Elle l’a vu sur Facebook, partage avec tous tes contacts.
Sur le réseau professionnel au nom imprononçable, ce ne sont qu’éloges et congratulations. Je joue le jeu, je clique sur le pouce en l’air pour montrer mon intérêt, je partage un post et je sème quelques mots intellos. Ça sert à rien mais ça mange pas d’pain, et puis sait-on jamais, des fois que quelqu’un d’important me repère et me propose un ministère…
Sur l’icône du petit oiseau, un collectif menace le gouvernement d’un coup d’état de la santé. Il paraît que 100 000 soignants auraient déjà rejoint le chef charismatique. Rien de plus facile, il suffit de s’abonner au compte. 100 000 soignants dont les trois quarts sous pseudo, absents des fédérations et syndicats, tout aussi absents des débats publics et des concertations, qui rejettent en bloc les organismes officiels (tous pourris) mais exigent une réponse officielle, sinon… Sinon quoi ? J’envisage de créer le collectif « J’aime la raclette », je fais deux millions d’abonnés en deux heures, j’exige un Ségur de la raclette et j’anéantis le lobby de la tartiflette. Facile !
Je referme toutes les applis. Finalement, les vacances loin de tout, c’était chouette, zéro connexion, zéro connerie. C’est la rentrée, je reprends ma vie normale et mon chat me fait la misère.
Et vous, votre rentrée ?