Saisi en décembre dernier par le gouvernement, le conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) a rendu la semaine dernière son rapport sur le déploiement du futur service public de l’insertion (SPI). L’organisation de la concertation nationale autour de ce dispositif constitue « le deuxième grand chantier » du gouvernement pour rénover le modèle social français, après celui du revenu universel d’activité (RUA), rappelle en préambule le COJ. Après avoir organisé plusieurs réunions et ateliers de travail, cette commission consultative, placée auprès du Premier ministre, recommande que le SPI jeunes soit rattaché au SPI général, qui s’adresse principalement aux personnes éloignées du marché de l’emploi et aux bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA). A condition toutefois, « de prendre en compte l’accompagnement des jeunes au regard de l’expertise et de l’approche des acteurs depuis 30 ans ». Autrement, le COJ préconise de créer un service public de l’insertion autonome dédié aux jeunes et de l’élargir à la tranche d’âge 18-30 ans, afin que ces publics obtiennent les mêmes droits.
« Il faut aller au-delà de la barre fatidique des 25 ans, soutient Antoine Dulin, président de la commission « insertion des jeunes » du conseil d’orientation des politiques de jeunesse. Aujourd’hui, le temps du parcours d’insertion s’est considérablement rallongé, on estime que le premier emploi stable est autour de 27 ans. » Autre point essentiel selon le COJ : la garantie d’une allocation unique pour les jeunes précaires et sans soutien familial. Pour cela, il est impératif d’en finir avec la très grande diversité des statuts et de simplifier les formalités administratives, défend le rapport. Des changements qui permettraient, entre autres, de faciliter l’accès aux droits grâce à une meilleure visibilité et d’éviter de mettre en concurrence les différents acteurs et opérateurs.
Pour être gage de réussite, le futur SPI devra également assurer une continuité dans l’accompagnement des jeunes. « Nombre de ceux que nous avons rencontrés au cours de ces travaux nous ont expliqué qu’il était compliqué de réexpliquer chaque fois leur histoire, rapporte Antoine Dulin. Lorsqu’ils s’adressent à Pôle emploi ou aux missions locales, ils ont l’impression d’être face à des interlocuteurs représentant un seul et même univers. Ils ne comprennent pas pourquoi on leur demande chaque fois les mêmes informations. »
L’utilisation d’interfaces de programmation serait nécessaire pour une bonne coordination des acteurs du SPI et mutualiser les données de chaque jeune, avec son consentement explicite. « Actuellement, un tel partage existe déjà entre les organismes, souligne le rapport. Cependant, il n’est pas toujours systématique si bien que la logique du “dites-le-nous une fois” n’est pas respectée. » Le COJ a ainsi pensé créer un espace numérique « SPI jeunes » avec une authentification unique sur France Connect, un dispositif destiné aux autorités administratives pour garantir l’identité d’un utilisateur. Le jeune serait à même d’interagir sur cette plateforme pour enlever ou ajouter des informations le concernant.
Le COJ recommande enfin de former les futurs acteurs du SPI pour qu’ils aient une bonne connaissance du panel de dispositifs présent sur le territoire. « La diversité d’acteurs que nous avons est une richesse, assure Antoine Dulin. Mais il est important que ces acteurs aient connaissance des autres structures d’accompagnement pour pouvoir orienter le jeune le cas échéant. Si à un moment donné il y a un décrochage, il faut réagir vite en proposant une alternative. Aujourd’hui, chacun reste un peu dans son couloir. »