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Soins précoces : de plus en plus d’enfants en attente

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Sans prise en charge immédiate, nombre de petits présentant un retard de développement ou un risque de handicap affrontent d’importantes pertes de chances. Aujourd’hui, les files d’attente s’allongent dans les centres d’action médico-sociale précoce. Un problème aggravé par la crise sanitaire, auquel le Ségur de la santé n’a apporté aucune perspective d’amélioration.

« Jamais nous n’avons eu de liste d’attente aussi importante », confie Sandrine Lanco-Dosen, neuropédiatre et directrice du centre d’action médico-sociale précoce (Camsp) d’Aulnoye-Aymeries (Nord). Là, 16 enfants attendent d’être suivis, 140 sont reçus chaque semaine pour des soins et 500 à 600 chaque année pour des bilans. La professionnelle indique que, déjà en temps normal, elle est obligée de faire des choix et qu’elle n’accueille pas un enfant de plus de 3 ans pour une première rencontre bien que son Camsp accompagne des petits de 0 à 6 ans. De son côté, Stéphane Marret, chef de service de néonatologie au CHU de Rouen (Seine-Maritime), dirige un Camsp habilité à accompagner 20 enfants, tandis que sa file active en compte entre 80 et 100, sans qu’il dispose du personnel nécessaire. Sur le plan national, Geneviève Laurent, présidente de la fédération nationale Anecamsp, estime que 30 à 40 000 enfants supplémentaires devraient être suivis par tout type de structure d’action précoce ou par des libéraux.

Le risque d’une « crise chronique »

En bref, partout, les établissements, services et professionnels libéraux manquent de places alors que, pour être efficaces, les prises en charge doivent être rapidement effectives. La crise du Covid-19 a aggravé la situation du fait du confinement et, aujourd’hui encore, en raison des consignes sanitaires qui réduisent le nombre de petits reçus chaque jour. Enfin, le Ségur de la santé a totalement fait l’impasse sur le sujet. Aussi l’Anecamsp et ses partenaires ont-ils récemment adressé une lettre ouverte à Olivier Véran et Sophie Cluzel, alors respectivement ministre de la Santé et des Solidarités et secrétaire d’Etat aux personnes handicapées. Ils y affirmaient le risque de passer « d’une crise aiguë à une crise chronique ». Et y pointaient le manque de places dans leurs structures et les carences dans les dispositifs vers lesquels les Camsp orientent certains enfants.

Encore rares, les plateformes de coordination et d’orientation (PCO) pourraient-elles représenter une solution ? Elles doivent accueillir pour dix-huit mois au maximum des enfants repérés (par leurs familles, des crèches…) afin que ceux-ci bénéficient d’un forfait de suivi de 3 500 € par an pour financer des séances d’ergothérapie, d’orthophonie, etc. A l’issue, soit ils vont mieux et quittent ce dispositif, soit ils doivent être accompagnés par un intervenant de l’action précoce.

Depuis juillet 2019, le CHU de Rouen a mis ce type d’action en place avec neuf partenaires locaux. Selon Stéphane Marret, cela permet que des liens se tissent entre des professionnels du territoire, libéraux, centres médico-psychologiques… Il y voit une bonne façon de fluidifier les parcours et d’éviter les doublons lorsque des parents, à la recherche d’une solution, se positionnent simultanément dans les files d’attente de plusieurs structures. Enfin, à ses yeux, c’est un bon outil pour travailler ce qu’il appelle la « guidance parentale », pour faire d’eux des partenaires à part entière de la prise en charge des enfants.

Plus réservée, Sandrine Lanco-Dosen s’est d’abord demandé pourquoi, au lieu de créer un nouveau dispositif, « on ne renforçait pas les Camsp », qui, selon elle, assurent déjà ce rôle de coordination. Toutefois, elle s’associe aux efforts mis en place dans son département pour en créer une. Mais déplore que, faute du nombre de professionnels suffisant, libéraux autant que salariés, il n’y a rien à coordonner…

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