Une semaine après ses annonces sur les salaires, le gouvernement a dévoilé, le 21 juillet, une série de mesures pour « accélérer la transformation du système » de soins, prévoyant notamment la création de 4 000 lits « à la demande » et une réduction de la part de la tarification à l’activité, en clôture du Ségur de la santé. Des mesures qui viennent conclure six semaines d’âpres négociations lancées à la suite de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19. Mais ces conclusions ont surtout mis en lumière l’absence de considération pour le social et le médico-social, mis à part le secteur des personnes âgées et, plus précisément, celui des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). C’est l’une des raisons pour lesquelles le syndicat Sud santé-sociaux n’a pas signé ces accords.
« Dès la deuxième réunion, nous avons claqué la porte du Ségur, considérant qu’il s’agissait d’une mascarade, s’emporte Ramon Vila, son secrétaire fédéral. Alors que nous faisions part de nos revendications, on nous a répondu que ce n’était pas le lieu. En gros, on nous dit : “Circulez, il n’y a rien à voir. On verra après.” La messe était donc dite. » Et de poursuivre, fataliste : « On a l’impression que le médico-social a été ajouté pour faire des effets d’annonces. » Un ressenti partagé par Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT santé et action sociale : « Du point de vue social et médico-social, le Ségur a été un effet de communication. On a fait comme si on allait parler de tous les secteurs, que l’on allait refonder tout le système. Alors que, concrètement, on savait que c’était impossible en si peu de temps. C’était déjà un leurre en soi. »
Si les conclusions du Ségur de la santé sont donc très hospitalo-centrées, les syndicats estiment qu’il aurait pu en être autrement, en particulier du fait des liens de plus en plus étroits qui existent entre les hôpitaux et le secteur social et médico-social. « Quand des lits ferment à l’hôpital, ce sont souvent les services sociaux qui prennent le relais, souligne ainsi Ramon Vila. Quand des services de pédopsychiatrie ferment, des enfants se retrouvent en foyer ou en Itep [institut thérapeutique, éducatif et pédagogique], sans que l’on soit forcément en capacité de les prendre en charge dans de bonnes conditions. Ce sont donc les conditions de travail des travailleurs sociaux qui se retrouvent impactées. » Et d’en conclure : « Si les projecteurs étaient braqués sur l’hôpital, ce qui est légitime vu les circonstances, la mobilisation des travailleurs sociaux aurait dû être mieux reconnue dans ce Ségur. »
Parmi les annonces phares de ces accords, la revalorisation des salaires : 183 € net supplémentaires par mois pour tous les professionnels non médicaux au sein des établissements de santé et Ehpad publics et privés non lucratifs. Alors que les syndicats demandaient 300 € pour tous, social et médico-social inclus, afin de rejoindre en la matière la moyenne européenne. Pas de quoi les satisfaire, donc. « On craint que ces accords ne soient un solde de tout compte en termes de rémunération et qu’il ne se passera plus grand-chose après, se désole Mireille Stivale. Pourtant, bon nombre de métiers attendent depuis des années une revalorisation de leurs grilles salariales. Or le gouvernement ne parle que du personnel soignant. Ce qui écarte de fait tous les autres. » D’ores et déjà, les syndicats donnent rendez-vous à la rentrée. « Nous lançons un appel à la mobilisation des salariés pour le 17 septembre, renseigne Ramon Vila. Car, comme le montre ce Ségur, ce qui est certain, c’est que le monde d’après ne sera pas le monde d’avant. Il sera pire. »