« Le président de mon comité de quartier a créé une association pendant le confinement : Saint-Servan solidarité coronavirus. Elle aidait les personnes en difficulté à faire leurs courses, et leur proposait un service d’écoute bénévole, anonyme et gratuit. J’ai fait toute ma carrière dans le secteur social et médico-social, je me suis évidemment proposé pour offrir une écoute bienveillante et humaniste. Même si j’ai un certain professionnalisme, elle n’était pas thérapeutique, j’ai bien veillé à ce que ne se produise pas de transfert massif. Les personnes isolées étaient bien plus nombreuses que je ne l’imaginais. Et pourtant, c’est petit ici, on croit connaître… J’ai accompagné une petite dizaine de personnes isolées (âgées mais aussi des femmes seules ou des couples qui allaient se séparer), certaines n’ont appelé qu’une fois, d’autres beaucoup plus souvent. Parfois, la demande première n’est pas la vraie demande. On le sait lorsque, comme moi, on s’intéresse de près à la psychanalyse. Alors, une fois en confiance, les besoins réels étaient exprimés. On a vite fait de rester dans l’entre-soi, chez soi… Je voulais faire ma part de colibri et puis cela m’a aidé moi-même, dans les moments de creux, d’offrir un peu de moi à d’autres que moi. A des gens éloignés physiquement mais proches solidairement. Cela m’a permis de voir que tous, moi y compris, nous pouvions être confrontés à la finitude, la solitude, l’incertitude. Lorsque les gens se sont sentis écoutés, reconnus, cela a changé la donne. Et conduit à une contagion de l’espérance. »
L’événement
« Une contagion de l’espérance »
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