Au cours de la crise sanitaire, très vite, les associations ont pris leur responsabilités pour aider la société à franchir le cap de la pandémie de Covid-19, du confinement et des terribles effets économiques et sociaux dont on ne perçoit encore pas toute l’ampleur. De tous âges, en très grand nombre, de nouveaux bénévoles les ont rejointes (pages 9 à 11). Et les publics qu’elles accompagnent ont, eux aussi, présenté quelques nouveaux visages (commerçants et artisans, étudiants précaires, travailleurs indépendants…), venus rejoindre les personnes déjà en difficulté auparavant (hommes et femmes sans domicile, migrants…) (page 13).
Ensemble, ces citoyens ont formé une chaîne humaine chaque jour plus longue, pour apporter des réponses aux besoins les plus urgents : de nourriture, de soutien scolaire, d’hébergement. Par ailleurs, sans même y penser, ces coopérations horizontales – comme les qualifie le sociologue Jean-Louis Laville (page 12) – amènent les associations à réinventer leurs modes opératoires. D’abord, de façon concrète et immédiate, par exemple au travers de l’aménagement d’horaires pour permettre aux actifs, bénévoles comme bénéficiaires, d’apporter ou de recevoir l’aide. Mais aussi sur le plus long terme, tant l’accueil de nouveaux profils peut conduire les organisations à repenser leurs habitudes, leur management, pour que chacun, professionnel ou non, trouve sa place. Ainsi pourront se dessiner de nouvelles façons de coopérer, y compris avec les pouvoirs publics. Les experts invitent à une construction fondée sur une confiance mutuelle, mais aussi à la prise d’indépendance des associations à l’égard des pouvoirs publics qui, pourtant, demeurent en partie les financeurs de leurs actions.
De longue date, elles ont prouvé leur inventivité, leur adaptabilité. Cette crise l’a encore montré : nombre d’associations se sont créées pour répondre à l’urgence, d’autres encore ont davantage travaillé ensemble, renforçant de la sorte leur ancrage territorial. Certaines sont allées plus loin encore. Dans le Finistère, par exemple, elles ont créé des sociétés coopératives d’intérêt collectif. Une nouvelle forme de structuration qui fait la part belle aux professionnels, mis au cœur des instances décisionnelles.