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« Sortir les métiers du lien de la précarité »

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Les députés François Ruffin (LFI) et Bruno Bonnell (LREM) viennent de corédiger un rapport parlementaire sur les métiers du lien. Certaines propositions, en particulier celles portant sur les particuliers employeurs handicapés, ont été vivement critiquées. Le député LREM du Rhône s’explique.
Vous faites 43 propositions… Comment les résumeriez-vous et quelle est la ligne directrice de votre rapport ?

Il est né d’une volonté commune de reconnaître les métiers du lien. Ils n’ont, à l’heure actuelle, aucune attractivité alors que ce sont des métiers avec une vraie technicité, une réelle connaissance… Nous sommes partis de deux points de vue opposés pour converger sur la même cause. François Ruffin parle de « lutte des classes », d’« exploitation des salariés ». Factuellement, il a raison. Ce sont des métiers mal payés, avec des horaires démentiels… Nous voulons donc ancrer dans la sémantique la notion de « métiers du lien » pour dire que ce sont les métiers de demain. Il faut aussi souligner que notre axe de travail est clairement du côté des praticiens du métier, des auxiliaires de vie, des assistantes maternelles, etc. Nous voulons non seulement revaloriser ces professions, mais surtout les structurer pour que l’on puisse y faire carrière. Et donc que ces métiers soient attractifs de manière pérenne. On ne peut pas compter sur la seule vocation. Il faut sortir ces métiers de la précarité. D’où la logique de dire qu’ils doivent forcément être encadrés dans des structures. Mais évidemment, comme tout rapport, il est soumis à contradictions, et nous en recevons. Certaines se justifient. D’autres sont liées à une énorme incompréhension, en particulier à l’égard des personnes handicapées. On a reçu beaucoup de lettres de personnes qui se sentent blessées par nos positions sur le rapport particulier-employeur.

Certaines voix se sont effectivement élevées à ce sujet. Notamment Marcel Nuss, figure du monde du handicap, qui critique votre proposition n° 3. Qu’avez-vous à lui répondre ?

Notre intention n’a jamais été de parler des personnes en situation de handicap qui veulent vivre une vie autonome. Ça ne fait pas partie du rapport, qui ne porte pas sur l’autonomie ni le handicap. Nous avons voulu être politiquement corrects en utilisant la terminologie « personnes fragiles ». Ce qui a fait réagir certains. Dont monsieur Nuss. Mais je suis d’accord pour dire que la proposition n° 3(1) doit être amendée. Son écriture est trop globale et insuffisamment précise. Il s’agit de dire que quand une personne est dans une situation avérée de perte d’autonomie et qu’elle ne peut pas être considérée comme un employeur, on recommande que la personne qui s’occupe d’elle fasse partie d’une structure.

Pourquoi ?

Nous avons eu plusieurs dizaines de témoignages de professionnels sur le fait que les professionnels embauchés en particulier employeur pendant des années doivent tout recommencer à zéro à la mort de leur employeur. A la fin de cette « mission », ils n’ont pas de statut. Il n’y a aucune sécurité d’emploi. En revanche, cela ne concerne absolument pas les personnes en situation de handicap qui sont en conscience et en volonté d’autonomie.

Vous parlez donc seulement des cas spécifiques de personnes qui sont sous tutelle ou curatelle ?

Oui, mais il existe déjà des contrats de particuliers employeurs pour ces personnes, gérés par la famille. Je le sais pour l’avoir vécu. Mon fils était très handicapé. Nous avions quelqu’un à la maison quasiment en permanence. Le jour où il est décédé, même si j’ai gardé des liens affectifs avec cette personne, je ne lui ai pas retrouvé un travail. Il a bien fallu qu’elle se débrouille. Et même si je pense avoir fait les choses le mieux possible, aujourd’hui, cette personne, je ne la connais plus. C’était il y a dix ans. Je ne sais plus qui elle est. Je ne sais pas où elle vit. L’idée de notre proposition est de dire que si j’étais passé par une structure qui gère cette professionnelle, elle lui aurait rapidement retrouvé une autre affectation. Cela n’enlève rien à l’émotion, à la confiance. Cela sécurise seulement son parcours.

Notes

(1) Supprimer la possibilité pour des personnes de bénéficier de l’APA ou de la PCH si elles emploient directement ou via le mode mandataire une aide à domicile pour l’assistance aux actes du quotidien.

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