Si la sexualité et la vie affective des personnes en situation de handicap intellectuel sont de plus en plus prises en compte dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS), la question de la parentalité reste encore largement du domaine du tabou. Dans un livret-ressources à destination des professionnels intitulé « Liberté, égalité et intimité », publié en février dernier, l’Unapei rappelle la nécessité d’accompagner les personnes en situation de handicap dans l’expression de leur désir d’enfant, le suivi de la grossesse et la mise en œuvre d’un soutien adapté pour l’enfant et ses parents(1). « Fruit d’un désir, d’une aspiration à l’autonomie, la question de la parentalité est, aujourd’hui, de plus en plus revendiquée par les personnes en situation de handicap intellectuel », souligne l’association.
En 2004, une enquête réalisée sur 683 familles et 1 060 enfants par le laboratoire de recherche Padi (Parents avec une déficience intellectuelle) de Lille notait l’augmentation du nombre de personnes handicapées intellectuelles ayant accédé à la parentalité. « Depuis lors, partout en France, les acteurs de terrain constatent une accentuation de cette tendance et commencent à l’évaluer localement. Cependant, aucune étude approfondie n’a été réalisée sur le sujet », indique l’Unapei. Autre raison de mettre fin au tabou de l’handiparentalité ? « L’évolution des publics accueillis dans les ESSMS et l’arrivée de nouveaux profils – personnes handicapées psychiques et/ou en situation d’insertion, déjà en couple, en charge de famille ou exprimant peut-être plus directement leur désir d’enfant – contribue également à bousculer les pratiques et les habitudes », indique le livret-ressources. « Quelles que soient les causes de son émergence, la question de la parentalité ne peut donc être esquivée. Elle interroge les familles, les associations et les établissements sur leur engagement au côté des personnes handicapées intellectuelles. Pourquoi serait-il essentiel de les accompagner dans toutes les étapes et dans tous les domaines de la vie, à l’exclusion de celui-ci ? », insiste l’Unapei. Et de poursuivre : « La question n’est donc plus de savoir s’il faut ou non promouvoir la parentalité mais bien d’accompagner au mieux les personnes handicapées intellectuelles dans l’expression de leur désir d’enfant. »
(1) « Liberté, égalité et intimité. Personnes handicapées intellectuelles et vie affective et sexuelle » – Disponible en téléchargement sur unapei.org.