Autant pour le « monde d’après »… Malgré les engagements répétés du président de la République pendant et après la crise du Covid-19, la question sociale ne sera pas la priorité du gouvernement Castex.
Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, n’occupe que le 12e rang protocolaire dans l’équipe du nouveau Premier ministre. Les attributions de Brigitte Bourguignon, sa ministre déléguée à l’autonomie, restent floues. A l’heure d’écrire ces lignes, mercredi 8 juillet, le handicap n’est même pas porté par un secrétariat d’Etat. De même pour les personnes âgées, alors que la création d’une 5e branche de la sécurité sociale a été annoncée il y a seulement quelques semaines. Même si des secrétaires d’Etat étaient nommés d’ici à ce que vous teniez votre magazine en mains, la cause semble entendue.
Mais à quoi peut donc bien servir un gouvernement qui place Gérald Darmanin, visé par une enquête pour viol, à la tête du ministère de l’Intérieur ? Eric Dupont-Moretti, nouveau ministre de la Justice, ouvertement hostile à #MeToo et au mouvement de libération de la parole des femmes ? Ou encore Roselyne Bachelot, gouailleuse des plateaux télé, parachutée au ministère de la Culture ?
Une chose est certaine : pas à tracer une nouvelle perspective sociale ni environnementale. Mais bien à servir ce qui semble désormais être l’unique ambition d’Emmanuel Macron : se succéder à lui-même en 2022.
Et c’est bien là tout le drame du jeu politique à la française. Car à se perdre dans les arcanes du pouvoir et de ses palais, il est aisé d’oublier que la parole politique, même présidentielle, n’est plus performative. Le « dire » ne peut plus se substituer au « faire ». Dans un pays miné en profondeur par la décrédibilisation continue des corps intermédiaires et par la désagrégation de l’éducation populaire, il est dangereux de faire naître des espoirs sans tenir les promesses engagées. La France, pays profondément épris de justice sociale depuis trois siècles, perd lentement patience. Jusqu’à quand ?