« En 2011, l’Ehpad avait besoin de redonner un certain sens à son activité. C’est pourquoi nous nous sommes lancés dans la méthode Humanitude dont nous avons obtenu le label en 2018. Cette approche parle aux soignants de manière très concrète en s’intégrant à l’environnement de travail. Le mérite des concepteurs est d’avoir disséqué en profondeur l’acte soignant, du moment où il entre chez le résident, jusqu’au moment où il en sort. Dans cette philosophie, c’est à l’institution de s’adapter à la personne âgée et non l’inverse. Cela redonne du sens au travail du soignant et permet de ne pas oublier l’éthique du métier : nous sommes au service de la personne, et nous nous adaptons à ses habitudes de vie. Tout découle de là. On inverse l’entonnoir. Cette méthode a énormément de bienfaits pour les professionnels comme pour les résidents. Par exemple, dans le projet d’accompagnement personnalisé du résident, s’il a l’habitude de prendre son petit déjeuner à 10 h du matin, nous ne lui imposerons pas de se lever à 8 h. Nous ferons faire sa toilette plus tard. C’est ce qu’on appelle un report de soins. Ces pratiques permettent de dénouer beaucoup de tensions, les résidents sont plus détendus, le personnel aussi. Le soin est davantage accepté par le résident, il n’est pas forcé.
Toujours est-il que la mise en place d’Humanitude n’est pas simple. C’est un changement de culture. Dans la formation de soignant, on apprend à cocher des cases. On aborde le soin d’un point de vue très structuré, très technique. Parfois, on occulte l’aspect comportemental. On part du principe qu’un soignant adoptera d’office la bonne attitude avec le résident. Mais ce n’est pas inné, cela s’apprend, on ne se repose pas que sur du savoir-faire mais aussi sur du savoir-être. Ce qui questionne la formation initiale du soignant. La démarche Humanitude suppose de repenser l’organisation de l’institution, ce qui n’est pas évident. Ce processus demande du temps et exige des directions d’établissements d’aller au rythme des professionnels et d’accepter de faire des erreurs. Il faut de la pratique. »