Accompagner les personnes âgées autrement ? La question est plus que jamais d’actualité. La crise du Covid-19 a mis en lumière l’importance de la relation. Ce lien social vital pour les personnes âgées, dont on ne saura jamais combien sont décédées d’isolement ou d’abandon pendant le confinement.
Des établissements n’ont pas attendu l’épidémie pour faire leur révolution et s’ouvrir à d’autres philosophies de prise en charge. Des approches innovantes davantage centrées sur la personne et qui partent toutes du même postulat : c’est à l’institution de s’adapter, et non l’inverse, comme c’est encore trop souvent le cas.
Car si les établissements sont aussi des lieux de soins, ce sont avant tout des lieux de vie. D’où l’importance de considérer les résidents comme des individus et non comme des patients, même quand ils sont atteints d’une pathologie neurodégénérative et désorientés. C’est le fondement de la méthode Montessori (page 14) qui se diffuse à bas bruit dans les Ehpad. Inspiré des travaux de la célèbre pédagogue italienne, le principe est simple : valoriser les capacités restantes des personnes plutôt que de les mettre en échec en essayant de leur faire recouvrir celles qu’elles ont perdues.
Un rôle précis est assigné à chaque personne : éplucher les pommes de terre, mettre la table… afin qu’elle se sente utile. Dans le même ordre d’idée, le concept Humanitude est plus répandu (page 10). S’inscrivant dans une démarche de bientraitance, le principe est que toute personne âgée vieillisse dignement, c’est-à-dire debout. La qualité de vie dans les maisons de retraite est ainsi gratifiée par un label. Autre initiative misant sur les capacités restantes des personnes et non sur ses déficits : Carpe Diem, une théorie à destination des personnes atteinte de la maladie d’Alzheimer (page 11). Mise en place par une québécoise, celle-ci fait des émules en France.
Différentes dans leur appellation, ces nouvelles formes d’accompagnement sont en train de transformer durablement le regard sur le vieillissement et sa prise en charge, comme en témoignent déjà des directeurs d’établissements. Elles incitent surtout les professionnels à opérer un changement culturel radical en considérant que le soin est d’abord une histoire de relation à l’autre avant d’être un geste technique.
Tout le monde y trouve son compte : les personnes âgées dont le stress et l’anxiété sont diminués et qui gagnent en autonomie, les équipes soignantes qui ont moins de tensions à gérer. Pour autant, si certains soignants pratiquent intuitivement ces philosophies humanistes comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, certaines règles de l’art sont à respecter. Faire l’économie d’une formation n’est de ce fait pas envisageable.
Un accompagnement centré sur la personne exige des compétences particulières, d’autant plus s’il concerne une personne souffrant de troubles cognitifs dont l’hypersensibilité à l’environnement est connue.
Comme le souligne Jérôme Pellissier (page 12), chercheur en psychogérontologie, « la technique protège ». Il est donc essentiel de bien préparer les soignants à « prendre soin ». Autrement.