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Les écologistes à l’épreuve de la question sociale

Le peuple français est assoiffé de débats politiques. Emporté par sa fougue, il se plaît à imaginer de nouvelles révolutions à chaque scrutin. Et peine souvent à percevoir l’émergence de réels bouleversements citoyens. C’est pourtant à cette dernière catégorie qu’appartient la vague verte qui a déferlé sur les communes françaises dimanche 28 juin. D’abord, parce qu’elle vient confirmer la bonne tenue d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à l’occasion des dernières élections européennes. Une tendance se dessine. Ensuite, parce qu’elle rappelle furieusement une autre vague, rose celle-ci, qui avait fait naître en 1977 l’espoir de l’alternance. L’Union de la gauche, articulée autour du Parti socialiste, avait rencontré un succès historique qui portait en lui les prémices de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand.

A l’époque, c’est de l’aspiration à un réel progrès social qu’était né l’avènement de la gauche. Si comparaison n’est jamais raison, il n’est pas non plus interdit de chercher à s’instruire en se replongeant dans le livre raturé de notre histoire moderne. Les vainqueurs d’alors n’avaient pas conscience d’être confrontés à une urgence écologique systémique. C’est le cas de l’ensemble des partis de gauche actuels. Mais à cette urgence climatique et environnementale s’ajoute aujourd’hui, comme il y a 43 ans, une soif de justice sociale. Les « gilets jaunes » n’ont cessé de le rappeler l’an dernier.

Alors que les conséquences de la pandémie de Covid-19 ne sont toujours pas mesurables, EELV prône ouvertement de transformer l’économie afin qu’elle puisse se mettre au service de l’humain. Renforcement des services publics, création d’un revenu d’existence universel, fin de l’ubérisation, égalité de fait entre les femmes et les hommes, redéfinition d’un rôle social valorisé pour les plus de 60 ans… Telles sont quelques-unes des mesures phares du projet écologiste. Mais, sur la route de l’Elysée, les Verts devront contourner trois écueils majeurs : éviter le poison de la division, dissiper une tenace image d’amateurisme et convaincre des électeurs qui se sont massivement abstenus depuis 2017 qu’il vaut finalement la peine de se déplacer jusqu’à l’isoloir.

Éditorial

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