Un taux de chômage en hausse de près de 4 %, de moins en moins de sorties de Pôle emploi, des travailleurs précaires toujours plus nombreux à perdre leurs activités partielles et à basculer dans le chômage de catégorie A… Ce printemps, mois après mois, les statistiques assombrissent le ciel déjà chargé du marché de l’emploi, trop fréquemment ennuagé d’un plan social massif de plus.
Résultat ? Les chiffres sont au plus haut depuis vingt-cinq ans. Sans qu’il soit possible encore de dire si le chômage partiel évitera un nombre significatif de licenciements et si le scénario en V d’un redémarrage aussi rapide que la chute aura été brutale – appelé des vœux de Marine Jeantet, déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (page 8) – est atteignable.
La pauvreté, c’est un fait, va concerner un plus grand nombre de Français, de façon plus ou moins durable. Mais, sur le terrain, associations, travailleurs sociaux et institutions n’attendent pas pour réagir le plan de relance sociale espéré du gouvernement qui, pour l’heure, a privilégié les mesures économiques. Ils sont déjà à pied d’œuvre pour accompagner les plus de 4,5 millions de chômeurs par des mesures d’urgence et de plus long terme (page 10).
Des municipalités comme Etampes (Essonne) ou des associations comme Solidarités nouvelles contre le chômage (page 13) ont rivalisé d’imagination pour débloquer des mesures d’urgence : partenariats avec des cabinets de recrutement pour préparer les demandeurs d’emploi aux entretiens d’embauche, services d’écoute, emplois de jeunes dans la ville pour l’été… Sur dix territoires pionniers, « Territoire zéro chômeur de longue durée » a montré que, conformément à sa devise, personne n’est inemployable. L’association attend l’extension de l’expérience dans d’autres bassins d’emploi, que devrait permettre une loi d’ici la fin de l’année (page 14). De leur côté, les réseaux d’accompagnement des personnes handicapées s’attellent en premier lieu à éviter qu’elles ne perdent leur emploi ou ne subissent de rupture dans leur parcours de formation, en particulier en apprentissage.
Partout, les acteurs appellent à la réactivité, à l’agilité, à la créativité et au recours à l’expertise de terrain pour bâtir en un temps record des réponses adaptées aux besoins des personnes et des entreprises. Avec, pour but ultime, de trouver le moyen de conserver un filet de sécurité pour les hommes et les femmes les plus touchés par la crise.