Avec la crise, le marché de l’emploi a rapidement changé de visage. Au même rythme que ces évolutions inédites, Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) a dû adapter sa prise en charge. Pour répondre aux situations d’urgence rencontrées par les demandeurs d’emploi, dès le mois d’avril, l’association a installé un numéro vert. Encore en place, cette cellule d’écoute doit permettre de maintenir un lien social entre les chômeurs les plus isolés et les 2 500 bénévoles de SNC.
Selon les besoins, la structure les oriente vers les différents services administratifs ou leur apporte un soutien psychologique, en s’appuyant sur son réseau de 70 psychologues. Le conseil d’administration de l’association a également décidé de mettre en place, le 4 avril, un fonds d’urgence financier à destination des demandeurs d’emploi les plus démunis. « Nous avons par exemple utilisé ce dispositif pour une jeune maman qui n’avait plus aucune aide, témoigne Corinne Belda, bénévole à Lyon. Elle n’avait pas assez travaillé pour avoir droit à l’allocation chômage d’aide au retour à l’emploi (ARE). Le temps de transférer son dossier pour qu’elle bénéficie de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), elle s’est retrouvée sans revenus pendant un mois. Sans compter que, sa fille venant d’avoir 3 ans, elle perdait l’allocation pour jeunes enfants (AJE). Prévu pour durer jusqu’à la fin de l’année, ce fonds d’urgence a aidé pour le moment une dizaine de personnes. Le nombre de bénéficiaires pourrait cependant significativement augmenter à la rentrée, lorsque les demandeurs d’emploi reviendront de vacances.
Le confinement a par ailleurs été pour SNC l’opportunité de nouer un partenariat avec quatre cabinets de recrutement, afin de préparer au mieux les chômeurs aux entretiens d’embauche. « Ces entrevues, réalisées avec des recruteurs professionnels en audio ou visioconférence, s’inscrivent dans le prolongement de formations que nous proposons en ateliers collectifs, explique Vincent Godebout, délégué général de SNC, qui souhaite que l’initiative s’inscrive dans la durée. Elles sont intéressantes car elles plongent les demandeurs d’emploi en situation réelle. »
Comme de nombreuses associations, SNC a beaucoup eu recours au suivi à distance depuis le début de la crise. Mesures sanitaires obligent, les accompagnements se sont effectués par téléphone ou via WhatsApp et Zoom. Un changement de taille pour cette structure qui propose depuis toujours aux chômeurs de rencontrer les deux bénévoles censés les épauler jusqu’à leur reprise d’activité. Si, bien entendu, le contact humain reste « une dimension majeure » pour l’association – d’autant que certains chômeurs ne maîtrisent pas les outils digitaux –, l’approche dématérialisée expérimentée durant le confinement ouvre toutefois de nouvelles perspectives. « Depuis plusieurs années, nous remarquons que de plus en plus de personnes reconnues comme travailleurs handicapés sollicitent nos services. Ce que nous venons de vivre nous amène à penser qu’elles pourront désormais plus facilement postuler à des emplois en télétravail, car il n’y aura plus de problèmes d’accessibilité aux locaux. Nous sommes en train de réfléchir à un moyen de les accompagner », confie Vincent Godebout.
Autre avantage du distanciel : atteindre des demandeurs d’emploi isolés géographiquement. Historiquement moins présente en milieu rural, l’association fait face à un nombre croissant de demandes dans ces territoires. « Nous comptons développer l’accompagnement en visioconférences dans ces zones et mettre sur pied des équipes volantes à partir de septembre », rapporte le délégué général. En ce sens, un rapprochement a déjà eu lieu avec l’Association pour l’emploi des cadres, ingénieurs et techniciens de l’agriculture (Apecita).