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Accompagnement dans l’emploi des personnes handicapées : le secteur se mobilise

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Eviter au maximum les pertes d’emploi, faire en sorte que les recrutements ne cessent pas tout à fait, inventer d’autres métiers… Les réseaux affichent détermination et créativité pour tenter de limiter l’inéluctable impact de la crise sur les demandeurs d’emploi en situation de handicap.

En mai dernier, plus d’un salarié en situation de handicap sur deux (54 %) s’avouait inquiet pour son emploi. Seuls 32 % se disaient optimistes pour les trois mois à venir. Et seuls trois sur cinq (60 %, contre 73 % dans la population générale) confiaient avoir bien vécu la période de confinement. C’est ce que pointe une enquête menée par l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), à laquelle 4 400 personnes ont participé.

Ces enseignements s’avèrent peu surprenants. Hors temps de crise, déjà, le taux de chômage des personnes handicapées est deux fois plus important que celui de la population générale. Et lorsqu’une embellie se produit sur le marché de l’emploi, elle concerne ce public plus tardivement : il a dû attendre 2019 pour voir son taux de chômage baisser, alors que celui de la population dans son ensemble avait commencé à le faire en 2016.

Les prévisions sont mauvaises

Les acteurs de l’accompagnement dans l’emploi des personnes handicapées, chargés tant des recrutements que du maintien en poste, prévoient que la crise actuelle aura nécessairement un impact sur le nombre de ces demandeurs d’emploi qui, fin 2019, étaient 495 000 : « On sait par expérience qu’en période de crise les plus fragiles sont les plus touchés, avertit Marlène Cappelle, déléguée générale du Cheops (Conseil national handicap et emploi), le réseau des Cap emploi. Il nous faut prévoir un effet négatif de cette crise. On sait qu’il risque d’y avoir une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap. »

De premiers signes confirment cette prédiction. D’une part, les carnets de commandes des entreprises adaptées peinent à se remplir : les entreprises ordinaires sous-traitent moins avec elles et réinternalisent. D’autre part, Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph, déplore que certains référents « handicap » dans les entreprises aient été mis au chômage partiel pendant le confinement, ce qui ne lui semble pas logique. De même, il observe que plusieurs entreprises n’ont pas rempli, ce printemps, leurs déclarations désormais mensuelles au travers de la déclaration sociale nominative sur leur nombre de travailleurs handicapés.

Pour autant, de l’avis général, il est trop tôt pour mesurer les effets de cette brutale récession sur l’emploi des personnes handicapées. Même la crise de 2008-2009 ne leur semble pas offrir de points de comparaison efficaces. « Nous n’avons pas de signaux, quantitatifs ou qualitatifs, des administrations qui recruteraient moins de personnes handicapées », observe Christophe Roth, vice-président du FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), l’homologue de l’Agefiph pour les trois fonctions publiques (nationale, territoriale et hospitalière). « Nous n’avons pas encore senti à ce stade un afflux de demandes de prise en charge et d’accompagnement », confirme Marlène Capelle. Avant de préciser aussitôt : « Mais nous manquons de recul, et toutes les entreprises n’ont pas repris leur activité normale. »

Aussi, sans attendre la déferlante, tous se préparent et mettent en place des mesures d’accompagnement des entreprises autant que des demandeurs d’emploi. Dans ce cadre, le rapprochement entre Pôle emploi et les Cap emploi, initié avant la crise dans 19 sites pilotes et qui doit théoriquement se généraliser en janvier prochain, apparaît à beaucoup comme une bonne idée. Grâce à la présence d’un agent des Cap emploi dans les agences du service de l’emploi national, les personnes en situation de handicap devraient être mieux accompagnées. Si tout se passe bien… Mais l’inquiétude pointe chez Carole Saleres, conseillère nationale « travail, emploi, formation et ressources » à APF France handicap, de savoir si Pôle emploi pourra mener cette importante réforme dans de bonnes conditions tout en ayant à se préoccuper d’un chômage de masse dans la population générale.

Éviter les pertes d’emplois

De son côté, l’Agefiph n’a pas attendu la fin de la période de confinement pour mettre en place des mesures de soutien aux personnes et aux entreprises. Mesures qu’elle prolonge jusque fin septembre, ou jusqu’à la fin de l’année pour celles en faveur des travailleurs indépendants. Afin de soutenir les recrutements d’apprentis, elle accorde entre 500 et 1 000 € (selon la durée du contrat) aux entreprises qui accueillent un apprenti en situation de handicap. L’association de gestion peut financer à hauteur de 500 € les équipements nécessaires pour le suivi d’une formation à distance ou accorde jusqu’à 100 € par jour aux salariés vulnérables pour se rendre à leur travail en taxi ou en VTC, le temps que des mesures sanitaires spécifiques soient mises en place dans les transports. Le FIPHFP a pris, pour le secteur public, des mesures similaires.

En somme, l’accompagnement des personnes handicapées qui pourraient se retrouver confrontées au chômage consiste d’abord, autant que faire se peut, à leur éviter de perdre leur emploi.

Autre piste tenter de développer de nouveaux métiers : « Il nous faut imaginer de créer de nouveaux emplois à partir de l’expertise d’usage des personnes handicapées, invite Carole Saleres. Ce pourrait être par exemple le développement de produits et services en nous appuyant sur la conception universelle. Elle permet que le nouveau produit soit, dès sa conception, utilisable par tous. » Pour elle, la période est difficile, mais il s’agit d’y trouver des opportunités, sur le modèle de ce qu’a pu imaginer le dispositif « Territoire zéro chômeur de longue durée » (voir ce numéro, page 14). De son côté, Didier Eyssartier estime nécessaire d’être « au plus près du terrain, à l’écoute des entreprises, pour nous montrer agiles et réactifs ». Tous rejettent l’idée d’une posture défensive. Et Carole Saleres de conclure : « Nous sommes invités à nous montrer créatifs, à tester des idées que nous avions dans les tuyaux sans toujours oser nous lancer… »

Le chômage de longue durée frappe plus fort

A la fin 2019, parmi les demandeurs d’emploi en situation de handicap, 59 % étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an, contre 48 % dans la population générale. En moyenne, une personne handicapée restait sans emploi 846 jours, contre 630 jours pour le reste des chômeurs. Autrement dit, une personne handicapée qui débute une recherche d’emploi mettra plus de temps à le trouver, y compris hors temps de crise. Ce que Carole Saleres, conseillère nationale « travail, emploi, formation et ressources » à APF France handicap, explique par plusieurs facteurs : ils sont moins diplômés, plus âgés et, bien sûr, leur handicap peut inquiéter les entreprises.

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