« Les aidants familiaux ont pour beaucoup subi de plein fouet la fermeture des établissements, la réduction ou l’interruption des services d’aide à domicile, ainsi que l’impossibilité pour leur famille de venir les aider. Les aidants ont alors dû s’adapter très rapidement pour accueillir leur proche à domicile, concilier télétravail et rôle d’aidant… » Le confinement a accru l’isolement des aidants. 52 % d’entre eux déclarent avoir été seuls à accompagner leur proche pendant cette période, contre 33 % avant le confinement.
Selon une enquête parue ce 18 juin(1), réalisée par le Collectif inter-associatif des aidants familiaux (Ciaaf), le premier besoin exprimé par les aidants, à la suite de la période de confinement, est la possibilité de pouvoir bénéficier de solutions de répit (34,27 %). Cependant, pour plus de la moitié des répondants (50,98 %), la lourdeur administrative et le temps qu’elle requiert sont un frein au recours des aides et des solutions existantes. Et 44,53 % disent hésiter à recourir aux diverses solutions de répit (vacances, institution ou emploi d’une personne à domicile) du fait du coût et du reste à charge qu’elles représentent. Près d’un quart estime que l’offre existante est inadaptée (compétences des professionnels et offres de services) ou inaccessible (nombre de places).
« Dans les mois à venir – la période post-confinement –, les aidants n’auront pas recours à des dispositifs de répit car c’est trop lourd administrativement. Ainsi, par exemple, il faut remplir un dossier de dix pages pour deux jours en accueil de jour », déplore Bénédicte Kail, conseillère nationale « éducation familles » chez APF France handicap et membre du Ciaaf. « Il faut simplifier les choses ! Pouvoir faire de l’accueil temporaire sans notification MDPH [maison départementale des personnes âgées], il faut que cela soit possible, indépendamment de la période Covid. Certains établissements médico-sociaux seraient disposés à rester ouverts cet été pour proposer des solutions de répit aux aidants, mais ils rencontrent des difficultés pour recruter du personnel. Aussi, les dérogations aux conditions de diplômes dans les établissements doivent perdurer pendant la période de l’été et de l’automne », poursuit-elle.
Partant des constats et des besoins exprimés par les aidants dans cette étude, le Collectif inter-associatif des aidants familiaux demande notamment la mise en place immédiate d’un chèque « répit » d’un montant de 1 000 € et d’une validité de un an. « Il n’y a pas suffisamment de solutions de répit, pas assez de visibilité de celles qui existent, et un vrai problème d’information des aidants sur les dispositifs mis en place », ajoute Bénédicte Kail. Le Ciaaf réclame également « une augmentation à court terme » des services adaptés et de l’accompagnement professionnel à domicile, des solutions de répit avec hébergement (séjours de vacances adaptées, accueil temporaire avec hébergement…). « Le relayage doit être développé, mais ce n’est pas ce qui répond le plus à un besoin immédiat chez les aidants dans la période post-Covid. Ils ont besoin de rupture. Ce qu’ils demandent c’est un accueil temporaire avec hébergement et la suppléance à domicile », précise Bénédicte Kail.
(1) Interrogés entre le 24 avril et le 25 mai, 1 032 aidants ont répondu, dont 66,9 % de parents, mais aussi 13,6 % de conjoints et 11,2 % d’enfants.