Deux cent millions d’euros sont alloués à l’opération « vacances apprenantes », lancée le 6 juin dernier par le gouvernement. Expériences collectives de partage et de remobilisation des savoirs après la période de confinement sont les objectifs du nouveau plan. Il vise à soutenir les familles dont les enfants ont été fragilisés sur le plan pédagogique durant la crise sanitaire, au travers de quatre dispositifs. Parmi eux, la mise en place de « colonies de vacances apprenantes », labellisées par l’Etat, qui doit permettre à 250 000 enfants de « renforcer savoirs et compétences dans la perspective de la rentrée prochaine », indique le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse.
Pour ce faire, les structures déjà existantes déposent une demande de labellisation intégrant des critères comme celui d’assurer des objectifs pédagogiques définis. Les familles intéressées postulent via une plateforme en ligne. Mais le volet de l’opération arrive trop tard pour Sabine Bonnaud, déléguée générale de l’Unosel (Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et de formation en langues) qui regroupe une soixantaine d’adhérents. « Les délais sont trop courts. Je pense que peu de nos adhérents vont se positionner », indique-t-elle.
La publication, le 8 juin, du protocole sanitaire relatif à la reprise des accueils collectifs de mineurs avec hébergement et l’échéance pour postuler au label, prévue le 20 juin, contribuent au renoncement des organisateurs. « Former des équipes avec les nouvelles mesures sanitaires est déjà compliqué, alors s’il faut travailler en plus pour recruter des professeurs, c’est mission impossible », Sabine Bonnaud.
La déléguée générale indique par ailleurs que beaucoup de séjours sont déjà annulés. C’est le cas de ceux de l’entreprise organisatrice de colonies de vacances Aquarelle. Hervé Michel, son directeur, explique qu’au regard des gestes-barrières techniquement impossibles à faire respecter, du refus de prise en charge de son assureur pour le Covid-19 et de la résiliation de bon nombre d’inscriptions, l’ensemble de ses séjours a été annulé. « Nous proposer un label moins de quatre semaines avant le début des vacances alors que l’organisation des séjours se prépare huit à neuf mois en amont est une proposition inadaptée. De plus, ce n’est pas notre métier. Nous ne souhaitons donc pas répondre à ce label », ajoute le directeur qui encadre les vacances de 1 200 enfants chaque été.
Selon Hervé Michel, le budget d’aide prévu par l’Etat, plafonné à 400 € par mineur et par semaine, pour assurer la gratuité des séjours aux familles les plus précaires, ne rend pas les chiffres annoncés cohérents. L’association Cannes Jeunesse, qui propose des séjours sportifs et culturels depuis presque 20 ans, a, quant à elle, demandé le label. « Les colonies apprenantes ne diffèrent pas de ce que nous proposons déjà, excepté le fait d’inclure les programmes scolaires. Nous avons fait une offre pour les deux dernières semaines d’août », explique Lucile Paroz, responsable pédagogique du centre international des séjours de l’association, qui dispose de son propre budget. Pour l’heure, Cannes Jeunesse est en attente d’une réponse du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse pour l’obtention du label qui permettrait l’accès à plus de financement.