« J’ai été détectée Covid le 8 avril par l’infirmière qui était de garde ce soir-là. Avant de rentrer chez elle, elle est venue me saluer. J’étais un peu dans les vapes, pas bien du tout. Elle a téléphoné pour qu’on m’hospitalise d’urgence à Créteil. J’ai passé quatre jours sous morphine. Cette période a été très trouble pour moi. Ce n’était vraiment pas une période agréable. Je n’aime pas en reparler. J’étais très agitée. C’est très confus. Il y avait beaucoup de bruit… J’étais dans une pièce sans savoir où j’étais… Je savais que ce n’était pas chez moi mais je ne savais pas où. Vraiment pas agréable.
D’après ce qu’on m’a raconté, j’ai été très durement touchée par le virus. Ce que j’en sais, c’est essentiellement à travers le personnel soignant et ma famille. On s’attendait à ce que je sois morte le 11 avril. Et j’ai… ressuscité le jour de Pâques ! C’est incroyable mais vrai ! Au final, je suis quand même restée hospitalisée pendant 45 jours. Je suis sortie le 20 mai et depuis je me remets petit à petit. Je suis extrêmement fatiguée. Ma tension est basse. Je ne mange pas beaucoup. Je n’ai pas très faim. J’ai des séquelles aux jambes. Je ne marchais pas très bien avant mais maintenant c’est encore moins bon. J’ai des séances de kiné trois fois par semaine. Je pense qu’il va me falloir trois mois pour retrouver à peu près tout ce que j’ai perdu.
J’ai encore des problèmes de tension, alors le personnel soignant vient me la prendre régulièrement. Ils viennent avec une blouse, un masque… Même s’ils aimeraient m’accorder un peu plus de temps. Ils n’en demeurent pas moins toujours aussi aimables. Je n’ai qu’à me louer des infirmiers et des infirmières de l’Ehpad. Mais j’ai récemment appris certaines choses qui m’ont profondément choquée. On a su que le personnel de l’établissement avait reçu une prime de 1 500 €. Mais pas les deux infirmiers qui ont été touchés par le Covid. Parce qu’ils ont été malades, ils n’ont pas eu la prime. C’est une double peine. Je ne le comprends pas. Ils devraient avoir la prime comme les autres, voire deux primes. Ce n’est pas de leur faute. C’est presque comme une maladie du travail finalement. »