Migrants : la solidarité en vrai

« Laisser une trace, une marque, des pages, des mots imprimés. Des mots presque vains mais indélébiles. Des mots pour dire, raconter, mettre en lumière des gens, des itinéraires risqués, du courage, des dates, des faits, de la solidarité, des moments de vie, d’histoire que d’aucuns ont préféré ne pas ou ne plus voir… » Ainsi commence Les sentinelles, un livre qui sort ce 20 juin, Journée mondiale des réfugiés. On est à Vintimille, ville à la frontière de l’Italie et de la France, devenue depuis 2015 le passage obligé de milliers de migrants provenant principalement du continent africain et fuyant la misère, la guerre ou la dictature. Durant ces cinq années, de chaque côté de la frontière, des citoyens anonymes de tous âges et de tous milieux sociaux leur sont venus en aide. Ils ont cuisiné, collecté des vêtements, trouvé des hébergements, caché des mineurs, bravé les interdictions et les arrêtés municipaux, déjoué les rafles policières… Certains de ces « solidaires » doivent se défendre devant les tribunaux de leur « soutien » à l’immigration clandestine. Fille de migrants italiens, militante de longue date, fondatrice de l’Association pour la démocratie à Nice et coauteure de l’ouvrage, Teresa Maffeis a voulu rendre hommage à ces hommes et ces femmes ordinaires guidés par leur humanité. On y croise André, qui a décidé de dépasser l’émotion et de s’engager le jour où 1 000 morts – dont des enfants – ont été retrouvés en mer Méditerranée. Il y a aussi Manuela, mère de famille de Menton, prête à tous les coups de main, et qui dit : « Le Soudan, je ne savais même pas le placer sur une carte avant. » Alessandra, elle, est une avocate italienne spécialisée dans le droit des étrangers. Elle se bat pour eux, mais également contre la « criminalisation constante » des citoyens solidaires. Il y a de beaux récits et d’autres terribles, comme celui de ce 16 décembre 2016, où deux jeunes Nigérians ont été découverts dans un train au bord de la mort, dans un recoin empli de câbles électriques.