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Loyers impayés : une « bombe à retardement économique et sociale »

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Alors que l’impact de la crise sanitaire sur les loyers impayés est constaté, les départements, les bailleurs sociaux et les associations s’inquiètent d’un possible effet « boomerang ». Ils appellent le gouvernement à décréter une année blanche d’expulsions locatives, à créer un fonds national de lutte contre les impayés de loyers et à augmenter les APL.

En matière de loyers impayés sur le parc social, les premières données chiffrées concernant la période du confinement sont disponibles. La crise économique induite par l’épidémie du Covid-19 a fragilisé le budget de nombreuses familles. Paris Habitat indique que 6 416 locataires n’ont pas honoré un premier loyer entre février et mai. L’augmentation de la dette de ce bailleur est de 13 à 14 %, soit 3,4 millions d’euros supplémentaires. « Il s’agit de locataires dont la situation était déjà fragile, indique Emmanuelle Copin, directrice générale adjointe chargeé de la proximité et des politiques sociales pour Paris Habitat. Nous étions inquiets mais la situation se normalise. »

Cette situation s’explique par la conjonction de plusieurs difficultés : la mise au chômage partiel ou la perte d’emploi, des retards de facturation des loyers, le dysfonctionnement des services de La Poste… Aussi l’accompagnement des locataires par les équipes de Paris Habitat a-t-il été renforcé durant la période, avec plus de 100 000 contacts téléphoniques.

Tenter de compenser les pertes

Ce soutien implique de rassurer des locataires souvent angoissés et démunis. Mais aussi de déployer des moyens tels qu’un accompagnement social renforcé, un protocole d’accord pour échelonner les loyers et la suspension des procédures contentieuses jusqu’en septembre. « A Paris, nous disposons d’un bon fonds de solidarité pour le logement, nous échangeons avec la CAF [caisse d’allocations familiales] et la Ville a repoussé la fin de la trêve hivernale au 21 mars 2021 », résume la directrice générale adjointe. Avant de préciser : « Paris Habitat est armé pour faire face. Mais le risque de décrochage économique existe. »

L’avenir inquiète d’autres acteurs du secteur. C’est le cas d’Evelyne Dedon, directrice de l’exploitation pour Marseille Habitat, qui indique « ne pas avoir de réel recul sur la situation ». Sur un parc de 5 000 lots, le bailleur dispose de 2 300 logements sociaux quittancés. En avril, le nombre de situation d’impayés a augmenté de 522. « Et en mai, nous avons retrouvé l’état des finances du mois de mars », explique Evelyne Dedon. La pédagogie s’est imposée et les efforts se sont portés sur des situations d’urgence.

L’accompagnement effectué par les conseillères de Marseille Habitat devrait permettre de prendre en charge les situations complexes. Le bailleur social, qui a stoppé toute saisine de la CAF, souhaite proposer des échéanciers pour les paiements et a neutralisé la plupart des loyers commerciaux.

De fortes attentes à l’égard du gouvernement

Séverine Marsaleix-Régnier, directrice de l’agence départementale d’information sur le logement en Seine Saint-Denis (Adil 93), n’est pas plus optimiste : « Nous n’avons pas d’informations sur l’emploi. Je crains un effet “boomerang” de la crise. Nous avons été contactés par de nombreuses personnes qui anticipaient de ne pas payer leur loyer. » De son côté, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis assume son insatisfaction, qualifiant la question des impayés de « bombe à retardement économique et sociale ». Il affirme que Seine-Saint-Denis Habitat aurait perdu 900 000 € en avril et que les mesures gouvernementales seraient largement insuffisantes.

A la suite d’un courrier adressé le 7 avril au ministre chargé logement, le département a émis au mois de mai de nouvelles demandes : décréter une année blanche d’expulsions locatives, créer un fonds national de lutte contre les impayés de loyers et augmenter les aides personnalisées au logement. Des mesures qui pourraient être mises en place dès cet été, par le biais d’un projet de loi de finances rectificative.

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