Le Covid-19 n’a pas seulement paralysé les économies du monde entier et conduit au confinement de plus de 4 milliards d’humains. Il a aussi décompensé les fragilités sociales des pays les plus durement frappés par la pandémie. De ce point de vue, la France ne fait pas exception.
Nous avons été inégaux devant la crise sanitaire. Sur le plan de la santé, d’abord, autant du fait d’une plus ou moins grande fragilité face au virus qu’en raison d’un accès différencié aux soins. Sur le plan social, ensuite, en lien avec le type de logement occupé, par exemple. Sur le plan économique, enfin, le risque sur l’emploi ne pesant pas pour tous de la même manière.
Les jeunes, en particulier les moins de 25 ans, sont les plus fragilisés, les plus vulnérables face à la pauvreté. Les deux mois de confinement ont révélé l’ampleur de leur précarité. Fait incroyable dans ce pays riche dans lequel nous vivons, nombre d’entre eux ont eu… faim (page 8).
Les stages d’études, notamment pour les futurs travailleurs sociaux, ont été suspendus, voire supprimés (page 10). Les petits boulots ont disparu, privant les jeunes de la débrouille nécessaire au paiement des loyers ou à l’accès aux biens de première nécessité. 30 % des chambres universitaires sont restées occupées, traduisant l’isolement d’une large part d’entre eux.
La situation des jeunes qui ont terminé leurs études s’est avérée aussi peu enviable. Ils sont les premières victimes du chômage et de son augmentation. Rien d’étonnant à cela puisqu’ils sont, aussi, les plus représentés parmi les intérimaires et les autres formes de travail précaire.
Et pourtant…
Pourtant, des solutions existent. La Fédération des associations générales étudiantes (Fage) invite à imaginer des dispositifs encourageant les entreprises à embaucher des jeunes sur des contrats pérennes. Les instituts de formation en travail social recommandent un accompagnement, fût-ce à distance, de la professionnalisation des jeunes. La question de l’ouverture du RSA aux 18-25 ans doit, aujourd’hui plus encore qu’hier, être mise sur la table. Nombre d’experts s’accordent à le dire. Le collectif Cause majeur ! préconise, quant à lui, d’accompagner les majeurs suivis par l’aide sociale à l’enfance de façon plus pérenne, sans qu’un couperet lié à l’âge les laisse sans réelle possibilité d’avenir (page 11). Cela leur permettrait de mieux se former et de s’insérer socialement et professionnellement malgré des parcours de vie cahotiques.
L’inaction nous condamnerait à remettre en cause ce qui est aujourd’hui le fondement de nos liens, de ce qui nous permet de faire société.