Recevoir la newsletter

Formation en travail social : « Les signaux sont au rouge »

Article réservé aux abonnés

Alors que leurs stages sont suspendus ou supprimés, les étudiants en travail social subissent aussi les effets de la crise sanitaire du Covid-19. Déléguée générale de l’Unaforis, Diane Bossière s’inquiète de la raréfaction des stages.
Vous avez lancé un appel à la mobilisation sur votre site pour que les futurs travailleurs sociaux puissent trouver des stages. Pourquoi ?

Dans la phase de confinement, des mesures dérogatoires ont été prises pour permettre aux étudiants de continuer leur parcours de formation le plus sereinement possible même si leurs stages avaient été suspendus. On espérait qu’avec le déconfinement, la situation allait reprendre un cours à peu près normal. Or tous les signaux sont au rouge. L’arrêt des stages a précarisé les étudiants, certains n’ont pas eu de gratifications, d’autres ont bénéficié de CDD très différents des « formations pratiques » décrites dans les référentiels. Mais, surtout, les lieux de stage qualifiants ne sont pas certains de pouvoir accueillir des stagiaires car ils ne disposent pas des conditions sanitaires exigées ou de l’encadrement requis. Certains encadrants sont toujours au chômage partiel, d’autres sont pris par des urgences liées au Covid-19 qui imposent de respecter des consignes strictes, d’autres encore travaillent à distance… Des associations, des conseils départementaux, habituellement pourvoyeurs de stages, nous ont prévenus avoir un mal fou à reconstituer leurs équipes et sont dans l’impossibilité de s’engager à reprendre des stagiaires en septembre. La pénurie était déjà réelle depuis la gratification des stages en 2015. Là, c’est d’autant plus inquiétant que la situation épidémique sera probablement toujours délicate à la rentrée.

Tous les étudiants sont-ils concernés ?

Grâce aux dérogations exceptionnelles prévues lors du confinement, les étudiants en troisième année vont pouvoir passer leur diplôme d’Etat. Mais ceux en première et en deuxième années ou qui arrivent via Parcoursup risquent d’être en difficulté pour valider leur cursus car ils n’auront pas le nombre d’heures de stage requis. Il faut leur apporter des réponses afin que leur formation ne soit pas mise durablement en péril. Si l’on se réfère aux chiffres communiqués par le ministère des Solidarités lors de la création de la réserve sociale, cela pourrait toucher environ 40 000 étudiants. Plus globalement, cela concerne les diplômables de 2021, 2022 et 2023. Les étudiants sont très inquiets, il y a déjà des décrochages. Certains se découragent.

Que préconise l’Unaforis ?

Nous sommes en train de contacter toutes les parties prenantes pour trouver des solutions opérationnelles rapidement. L’Unaforis a déjà élaboré des propositions visant à assouplir la réglementation. Par exemple, les expériences de terrain vécues par les jeunes en formation depuis moins de deux ans et ayant permis l’acquisition de compétences inscrites aux référentiels pourraient être provisoirement reconnues comme équivalentes à des périodes de stage qu’ils n’ont pu effectuer à cause de la conjoncture. Nous pourrions aussi être favorables à ce que, exceptionnellement, les connaissances et les aptitudes acquises durant la réserve sociale soient validées de manière dérogatoire. De même, des formes d’encadrement et d’apprentissage garantissant la sécurité sanitaire des personnes pourraient être envisagées : encadrement à distance, connaissance de publics inhabituels, dates hors programmation agréée… Les établissements de formation en travail social pourraient alors venir en appui renforcé à l’accompagnement de la professionnalisation des étudiants concernés.

« Difficile de payer son loyer »

Selon une enquête réalisée par la Fédération nationale des étudiants en milieu social (Fnems), 60,4 % des étudiants n’étaient plus en stage en avril. Les semaines non effectuées seront-elles décomptées ? Faudra-t-il les rattraper ? « Les étudiants sont dans l’incertitude, c’est très insécurisant. Normalement, les stages de deuxième année commencent en mai. On est en juin et on ne sait rien. Les élèves de troisième année attendent toujours la publication de l’arrêté concernant le diplôme 2020 », s’inquiète Romain Birolini, président de la Fnems. L’arrêt des stages a également supprimé les gratifications pour un grand nombre d’étudiants. Des aides financières ont été mises en place pour les plus démunis par l’Etat et la CAF. « Cela ne compense pas les pertes engendrées, certains étudiants n’arrivent plus à payer leur loyer ou à manger correctement », pointe Romain Birolini. Ni à assurer leurs prochains frais d’inscription.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur