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« Construire une réponse pérenne pour les jeunes majeurs »

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En raison de la crise sanitaire, des milliers de jeunes majeurs suivis par l’aide sociale à l’enfance sont protégés jusqu’au 10 juillet de toute sortie sèche des dispositifs. Quid de la suite pour ces jeunes aujourd’hui bien souvent sans ressources ? Le collectif Cause majeur ! alerte sur la nécessité de penser l’après-crise. Entretien avec Sophie Diehl, conseillère technique à la fédération Citoyens et Justice, membre du collectif.
Pourquoi en appelez-vous au gouvernement afin qu’il proroge et pérennise l’arrêt des sorties sèches ?

C’est essentiel car, il y a quelques jours, 97 sénateurs ont déposé une dizaine d’amendements pour proroger de six mois cet arrêt des sorties sèches, et ces amendements ont été déclarés irrecevables pour des raisons financières. Or, le 11 juillet, la problématique sociale, sanitaire et économique sera la même : les jeunes qui viennent de fêter leurs 18 ou 19 ans ne trouveront ni jobs d’été, ni stages… Il faut proscrire ces sorties sèches. On a réussi à le faire jusqu’à ce jour. Il faut, de façon urgente, que cela continue et que des discussions soient engagées afin de construire une réponse pérenne pour les jeunes majeurs.

Justement, le collectif Cause majeur ! fait des propositions. Quelles sont-elles ?

Nous travaillons depuis plusieurs mois à des avancées pour l’avenir. Nos recommandations s’inscrivent dans le temps et visent un accompagnement des jeunes majeurs jusqu’à leur inclusion pleine et entière dans la société. Nous appelons d’abord à enlever l’âge couperet de 21 ans pour le contrat « jeune majeur ». Nous souhaitons la mise en place d’un projet d’accompagnement vers l’âge adulte dans la continuité du projet pédagogique de l’enfant. Le principe socle, c’est la préservation des liens et la mise en place d’un réseau. Un jeune qui n’est pas sécurisé ne pourra pas s’insérer dans la société. Il faut, au départ, que l’on puisse l’accompagner dans la création de liens sociaux. Nous proposons ensuite plusieurs axes : l’accès à un logement stable, la proposition d’une scolarisation choisie, et non subie comme c’est le cas actuellement. L’accent doit aussi être mis sur la formation des professionnels. Et la garantie d’un accès à la santé, aux droits et aux ressources, ainsi qu’à la culture et aux loisirs. Il faut également développer les parrainages. L’idée, c’est aussi de leur offrir un droit à l’erreur, au retour, pour leur permettre de s’insérer comme tout un chacun dans la société. Parmi ces jeunes, il ne faut pas oublier ceux qui sont en lien avec la protection judiciaire de la jeunesse, que nous appelons les « jeunes de la protection de l’enfance en conflit avec la loi ». C’est important qu’ils soient eux aussi inclus. Car les chiffres sont édifiants : un tiers des mineurs suivis en protection de l’enfance font l’objet de poursuites pénales à un moment ou à un autre de leur parcours [selon l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE), ndlr]. De même, on sait que 25 % des sans-abri sont passés par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Cela montre la nécessité de la continuité de la prise en charge tant qu’elle est nécessaire pour accompagner le jeune dans sa vie d’adulte.

Peut-on évaluer ce que coûterait une prise en charge sur un temps plus long ?

La question n’est pas tant celle du coût. Il est urgent que le législateur prenne ce problème à bras le corps, car nous assistons à un véritable gâchis économique et social. On part du principe qu’on peut débourser jusqu’à un million d’euros pour la prise en charge d’un jeune de sa naissance à ses 18 ans. Interrompre ces financements à ses 18 ans est une aberration car, s’ils étaient prolongés, ils permettraient une meilleure insertion professionnelle et sociale ainsi qu’un gain pour le jeune mais aussi pour la société. Il ne faut pas que les jeunes majeurs soient les oubliés de « l’après », ils doivent être pleinement inclus dans la société en construction.

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