Recevoir la newsletter

Rêver pour les autres

Article réservé aux abonnés

Claude est sans abri. Une personne désocialisée qui a l’alcool pour seul ami. Christine est éducatrice dans un accueil de jour. Petit à petit, elle va lui offrir sa présence et accueillir sa souffrance, sa honte de lui-même. Ce travail de sauvetage délicat est raconté avec subtilité par Antoine Courtecuisse, psychiatre responsable de l’équipe mobile « psychiatrie et précarité » à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). L’auteur parle à la première personne, se mettant alternativement dans la peau de ces deux protagonistes. Pour Claude, à la rue depuis des mois, plus rien ne compte, si ce n’est la météo et son estomac vide. Tout est sursis, y compris le mauvais vin ingurgité pour remplir le vide intérieur. Des passants lui jettent quelques pièces dans un gobelet sans s’arrêter, d’autres l’ignorent. Avant, il était comme eux, il cherchait comment s’habiller le matin pour aller travailler, il marchait vite, tête baissée, il était marié et père de famille. Parfois, il aimerait bien que quelqu’un lui dise « bonjour ». Un soir de galère comme un autre, une femme s’est accroupie à sa hauteur et lui a demandé ce qu’elle pouvait faire pour lui. Il n’a pas su quoi répondre. Le matin, pour boire un café chaud, il va dans un centre d’accueil. Ça fait quinze jours que Christine, qui travaille là depuis trois ans, le croise. Parfois, elle se demande pourquoi elle fait ce métier ingrat, parce que, quoi qu’elle fasse, elle ne pourra rien résoudre. Les gars sont trop cabossés, les moyens trop insuffisants. Pourtant, elle le voit : Claude s’est mis en action autour de la machine à café et a fini par franchir timidement la porte de son bureau. Elle a pu lui remplir un dossier de CMU (couverture maladie universelle). Le début d’un redémarrage… Elle ne lui a rien demandé, a juste laissé la porte ouverte. La clinique de la rue est particulière, elle doit « prendre le sujet là où il en est, globalement, sans savoir à l’avance ce qui sera bon pour lui, sans appel au standard pré­établi », explique le psychiatre. Rien n’est moins simple pour les professionnels du travail social, auxquels ce livre humaniste rend hommage tout en cherchant à les sensibiliser à cette approche.

Notes

« Histoire d’un sans-abri. Pour une clinique de la rue » – Antoine Courtecuisse – Ed. érès, 14,50 €.

Culture pro

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur