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Protection de l’enfance : les intervenants à domicile s’adaptent au déconfinement

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Elles sont techniciennes de l’intervention sociale et familiale et se déplacent au domicile pour assurer un soutien aux parents et un accompagnement des enfants. Si ces professionnelles ont dû adapter leurs actions pendant le confinement, le déconfinement impose à son tour une nouvelle organisation.

Sur la carte de France du déconfinement, l’association AID (aide et intervention à domicile) se situe dans le Bas-Rhin, un département qui reste placé en rouge sur la carte des régions les plus touchées par la pandémie. Financée par la caisse d’allocations familiales (CAF) et le conseil départemental, l’association et ses 83 salariés interviennent chez 800 familles, essaimées aux quatre coins du département. Cette structure s’est spécialisée dans le soutien à la parentalité de mamans célibataires, de familles nombreuses, mais aussi dans le droit au répit pour les parents d’enfants porteurs de handicap.

Sur une trentaine de techniciennes de l’intervention sociale et familiale (TISF) seule la moitié d’entre elles ont retrouvé leur activité. « On est bloquées par le manque d’équipements ! Pour les blouses on m’annonce une livraison en septembre », s’agace Lydia Rognan, la directrice de l’association. Obligée d’improviser, elle a donc investi dans des blouses en tissu qui « sont pour la plupart trop grandes. J’en ai déjà pour 12 000 €. Le Covid-19 a un coût énorme, c’est catastrophique. Je pense que certaines associations vont mettre la clé sous la porte », prédit-elle.

Pour cette association, située dans l’épicentre de l’épidémie, il a fallu se réorganiser dès l’annonce du confinement : les interventions à domicile ont été remplacées par des coups de téléphone réguliers, du soutien scolaire sur Skype… Mais, très vite, il a fallu retourner sur le terrain : « Avec la fermeture des bureaux de poste, certaines familles n’avaient plus accès à leur argent. Il a fallu le leur avancer pour acheter des produits de bases (lait, couches…). »

Début avril, les interventions ont repris, petit à petit. Certaines TISF ont pris en charge les enfants handicapés pour offrir un moment de répit aux parents. Ou encore ceux confiés aux assistantes familiales pour leur permettre d’aller faire des courses par exemple. « Entrer au domicile a parfois été très difficile, il y a encore des craintes du côté des familles. Mais aussi du côté des salariées. Certaines sont très angoissées », détaille Lydia Rognan.

Le fait d’être en zone rouge a forcément un impact estime la directrice de l’AID : « On sait que le virus circule davantage qu’en zone verte, on a aussi eu plus de malades, notamment dans notre équipe et dans une quarantaine de familles qu’on accompagne. Ici, on peut difficilement ne pas avoir le virus à l’esprit. » A l’autre bout de la France, la Haute-Garonne reste quant à elle pour l’instant en vert sur la carte de circulation du virus. Mi-mai, on y comptait une soixantaine de décès liés au Covid-19, contre plus de 600 dans le département du Bas-Rhin.

Des interventions complexes

Pourtant, la reprise des activités n’est pas évidente explique Caroline Robl, responsable du secteur famille à l’association Solidarité familiale, financée par la CAF. « Pour l’instant, on ne peut pas reprendre de CDD car il n’y a pas assez d’activité. Certaines familles ont encore des craintes, d’autres sont parties à la campagne. » L’association assure fournir masques, gel, visières et housses pour l’intérieur des voitures à ses salariées, « mais les interventions sont très complexes », rapporte Caroline Robl. « Le port du masque et de la visière complique la compréhension pour les enfants. Les intervenantes doivent se mettre à distance, quitter leur masque pour s’exprimer puis le remettre. » Un casse-tête parfois aggravé par l’incapacité de certaines familles « à intégrer les gestes-barrières. On trouve des stratagèmes pour faire entendre qu’on est tous responsables et que tous ensemble on va pouvoir limiter la contamination », détaille la responsable de secteur de l’association toulousaine. Pourtant, l’action de ces équipes est indispensable comme l’illustre le cas de cette famille. « Il s’agissait d’une maman seule avec deux enfants porteurs de lourds handicaps. Elle nous a appelées car elle était à bout et menaçait de se suicider. Il y a de nombreuses familles qui sont arrivées à épuisement et qui ont vraiment besoin qu’on les relaie. Si parfois nos équipes doutent du sens de leur travail, la situation a prouvé l’importance de notre action », conclut Caroline Robl.

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