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« Le domicile, dernière roue du carrosse »

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Les auxiliaires de vie, professionnelles du domicile, ont le sentiment d’avoir été oubliées durant cette crise sanitaire. Une quarantaine d’entre elles, dont Isabelle Vignaud, qui exerce à Paris, ont mis en ligne fin avril la pétition « Nous, auxiliaires ! » qui demande la reconnaissance et la revalorisation de leur métier.
Comment avez-vous vécu cette crise ? Qu’a-t-elle modifié dans votre accompagnement ?

En tant qu’auxiliaire de vie ou aide à domicile, au départ de cette crise, nous avions peu de moyens pour intervenir dans des conditions sanitaires dignes de ce nom. Nous n’avions pratiquement pas de blouses, pas de masques ni de gants. En réalité, l’épidémie a agi comme un miroir grossissant des difficultés du métier. C’est pourquoi nous avons rédigé ce plaidoyer, cette pétition « Nous, auxiliaires ! » (voir encadré). Malheureusement, cela fait des années que la situation est critique mais que rien n’évolue. Mais cette crise a aussi fait resurgir des problématiques que l’on n’avait pas encore pu constater : le manque de masques, les médias qui ne parlent que des hôpitaux publics et des Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] et jamais des aides à domicile, des services à la personne… Or les auxiliaires de vie ont continué à travailler. Ce qui a permis à beaucoup de personnes de ne pas engorger les services d’urgence, de ne pas aller en Ehpad Il faut le souligner. Grâce à toutes les auxiliaires de vie, toutes les aides à domicile, ces personnes âgées ont pu rester chez elles en toute sécurité.

Dans la pétition, vous déplorez être encore considérées comme des « femmes de ménage »…

On manque de reconnaissance. C’est de plus en plus difficile à vivre. Actuellement, en France, et je crois que nous sommes le seul pays dans ce cas, il y a trop de conventions collectives dans nos métiers, ce qui nous perturbe totalement. Le grand public pense que nous faisons le ménage et la cuisine. C’est le cas, mais notre métier consiste essentiellement à prodiguer du soin et à accompagner les personnes dépendantes qui sont de plus en plus souvent atteintes de troubles cognitifs, de maladies neurodégénératives. Ce n’est donc pas un accompagnement « classique ». Nous sommes formées pour cela. Nous sommes en lien avec la famille et les médecins. Nous avons un rôle de soignant et nous réclamons donc d’être considérées comme des soignants. Nous voulons être inscrits dans les répertoires nationaux des professions de santé. En fait, nous sommes à la fois infirmière, aide-soignante, ergothérapeute, kiné, cuisinière…

Depuis la publication de cette pétition, les choses ont-elles évolué ?

Non. Aucun changement. Les atermoiements autour de la prime le prouvent : le domicile est la dernière roue du carrosse du médico-social. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Il faut changer l’image des auxiliaires de vie et que le gouvernement reconnaisse notre travail.

Je ne pense pas que cette crise change quoi que ce soit. Je l’espère mais j’en doute fortement. Par exemple, cela fait plus d’un an que le rapport « Libault » en vue d’une loi « grand âge et autonomie » a été publié. Depuis, rien n’a changé. Je ne sais pas si, après cette crise, le secteur du domicile sera mieux considéré par les pouvoirs publics. Pourtant, heureusement que nous étions là, sinon il y aurait eu encore plus de difficultés, voire plus de morts. Les urgences et les hôpitaux auraient encore été plus engorgés. Ce qui aurait pu s’avérer dramatique, et pour les personnes âgées et pour les salariés.

Plaidoyer pour le changement

Une quarantaine d’auxiliaires de vie et une vingtaine de dirigeants de structures d’aide à la personne ont rédigé le plaidoyer « Nous, auxiliaires ! ». Transmis aux autorités, il s’appuie sur une enquête réalisée en ligne auprès de 1 100 auxiliaires, du 9 au 16 avril 2020, en plein cœur de la crise du Covid-19. Selon eux, il y a quatre décisions à prendre urgemment afin de valoriser leur profession : « être inscrits dans les répertoires nationaux des professions de santé », « être rémunérés à la hauteur de ce que nous apportons à la société », « notre métier doit être reconnu comme un seul métier à part entière » et « rendre obligatoire la qualité de société à mission ou le statut ESUS [entreprise solidaire d’utilité sociale] pour toutes les sociétés commerciales du secteur afin d’aligner l’ensemble des acteurs vers leur utilité sociale ».

Lien pour signer la pétition : https://bit.ly/3cL2894

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