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« Un élan de solidarité extraordinaire »

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« Je n’ai pas l’impression d’être en déconfinement car les mesures pour recevoir les patients sont extrêmement contraignantes. On ne peut en recevoir que deux par heure et par équipe. Il faut désinfecter la salle d’attente après chaque passage, garder une distance de deux mètres, se laver les mains, changer de masque à chaque consultation, en donner au patient… Normalement, je devrais porter une blouse, voire une charlotte, mais on ne les a pas.

Ce qui est bizarre, c’est qu’au début du confinement, j’ai eu le sentiment d’être côte à côte avec mes patients, même par téléphone. On vivait le même danger, la même galère. On n’était pas dans la distanciation qu’implique normalement une consultation. Il y avait une écoute de l’un vis-à-vis de l’autre. Les patients me demandaient comment j’allais, c’était très étonnant. C’était plus une conversation. Au bout d’un certain temps, on a repris nos habitudes de consultants et eux de patients. La bonne surprise a été l’élan de solidarité extraordinaire qu’a manifesté l’équipe. On a mis du cœur à l’ouvrage, on a téléphoné en permanence aux patients, en particulier aux familles d’enfants autistes qui ne dormaient plus, se mutilaient. C’était un vrai travail d’équipe, très agréable. Mais les consultations téléphoniques non-stop nous ont épuisées. Il y a des patients qui n’ont pas voulu qu’on les appelle. Après coup, je me rends compte qu’on a eu une exigence de bien faire. Mais peut-être que pour certains patients, on a été trop présents. Quelques familles nous l’ont signalé en nous disant qu’elles se débrouillaient toutes seules, que ce n’était plus la peine de les appeler. On ne sait jamais finalement quel est le bien du patient et parfois on s’est trompé.

En revanche, beaucoup d’adolescents ont été ravis qu’on les contacte. Mes collègues qui exercent au centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) ont fait preuve d’une grande inventivité pour proposer des ateliers aux jeunes en difficulté pour lesquels on est obligés de faire un suivi un peu serré. Comme les groupes ont été suspendus, les équipes ont inventé un atelier théâtre en visio. Tout l’accent était mis sur le geste et l’image du geste et comment. A partir de là, on peut parler d’une situation. Cela a très bien fonctionné. D’autres collègues ont continué un groupe d’écriture sur WhatsApp. Les ados ont écrit sur le confinement et ont fait des textes incroyables. On va probablement en faire un petit recueil.

Maintenant, je me demande quand nous allons pouvoir reconsulter de façon sereine et revivre en tant que citoyen. Mais j’aimerais bien que cette crise sanitaire change quelque chose dans nos vies. »

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