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« Trop de gens confinés dehors »

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« Je ne sais pas aujourd’hui s’il y aura un “avant” et un “après”. Encore dans le tourbillon du “faire” qui embue la pensée. En revanche, depuis le Samu social à Lyon, dès les premiers jours, j’ai mesuré les conséquences de l’“avant”. Dans un département où le dispositif d’hébergement est structurellement sous-calibré, les sans-abri que nous rencontrons se sont en effet retrouvés, dans un premier temps, confinés dehors, englués sur un bitume depuis lequel la manche est devenue impossible, emmurés dans un dehors face aux portes closes des hébergements déjà pleins et des accueils de jour contraints de fermer, du fait de l’exiguïté de leurs locaux.

Le “pendant” a donc été celui des besoins à faire remonter lors des conférences téléphoniques, des solutions à inventer, des montagnes à déplacer… Progressivement, les fontaines publiques ont rouvert tout comme certaines des toilettes de la ville. Des lieux d’hygiène ont pu être proposés, du savon et du gel hydroalcoolique distribués. J’ai vu l’Etat, la métropole, les villes, les associations, se soucier ensemble de l’accès à l’eau, l’enlèvement d’ordures et la nourriture des squats et bidonvilles. Et 500 places d’hébergement supplémentaires ont pu voir le jour. Dans le contexte de crise sanitaire, ce qui semblait impossible a pris forme dans le réel, en décalant les pratiques, en multipliant les heures de travail, en décloisonnant les secteurs. Les lignes ont bougé… sans autre considération que de parer à l’urgence, héritée de l’“avant”. Malgré ces efforts sans précédent, 1 000 personnes ont continué à contacter le 115 à Lyon sans obtenir de solution. Si elles ont généralement fini par parvenir à s’alimenter, se doucher, obtenir du gel et du savon, elles sont restées confinées dehors et le demeureront encore des mois, en dépit du droit inconditionnel à l’hébergement, crise sanitaire ou pas. A l’issue du “pendant”, j’ai à la fois hâte et peur de l’“après”.

Si, collectivement, nous avons défié l’impossible, cela n’a pas été assez et nous ne devrons jamais l’oublier, au nom des personnes qui ont passé le confinement dans la rue. Si, collectivement, nous avons défié l’impossible, il est aujourd’hui indispensable de refonder le secteur, en transformant la synergie humanitaire en politiques structurelles fortes, en matière de résorption du sans-abrisme. J’espère que nous serons en capacité de nous atteler aux défis de la terrifiante précarisation de nouvelles catégories de publics, en renforçant les solidarités à partir du paradigme de l’accès aux droits et de leur respect, le seul à même de protéger efficacement les populations, même lorsque les crises adviennent. »

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