Tout oppose le confinement et la période qui lui succède et qui s’ouvre ce 11 mai. Le premier a concerné tout le monde au même titre et a globalement débuté le même jour ; le second va prendre des visages différents selon la catégorie de population, la région de résidence, les pathologies de chacun… Le premier a nécessité d’agir dans l’urgence ; le second requiert une grande anticipation. Le premier a donné lieu à des fermetures d’établissements et des services afférents ; le second se donne pour mot d’ordre la réouverture progressive. Si, pour certains, le déconfinement marque enfin le bout du tunnel, il fait aussi entrer nombre d’intervenants du champ social et médico-social dans le règne conjoint de l’inconnu et de la complexité. Il s’agit d’édicter des règles précises et claires, mais en même temps de permettre à chaque établissement (Ehpad, foyer de vie…) de s’adapter aux réalités de terrain. Les directeurs de structures se retrouvent aux avant-postes, chargés de prendre des décisions parfois en forme de dilemmes (pages 8 et 14). La reprise progressive des activités génère aussi des inquiétudes, en particulier parmi les professionnels de la protection de l’enfance (pages 16 et 17) ou au sein des associations qui accompagnent les demandeurs d’asile (page 13). Chez eux, la vigilance est de mise et les interrogations nombreuses sur la meilleure façon de mettre en place l’accompagnement adéquat de leurs publics, tout en respectant les règles imposées par la crise sanitaire, qui ne s’éteindra pas comme par enchantement le 11 mai. Malgré tout, et la période du confinement y a sans doute préparé les professionnels, tous ont appris à gérer les incertitudes, ces inconnues d’une équation qui stimulent la créativité. Au point que plusieurs voient dans le déconfinement des occasions à ne pas manquer. Pour enfin traiter de questions comme l’accessibilité des logements aux personnes handicapées, ou pour pérenniser des solutions imaginées dans l’urgence qui pourraient permettre de mieux aborder la prise en charge des situations des plus précaires (page 10). En somme, il s’agit de conserver le meilleur d’une période pénible, et de faire naître de la difficulté une prise en compte au plus près des besoins individuels, par nature… complexes ! Il y a fort à parier que nombre de pratiques professionnelles des travailleurs sociaux et médico-sociaux qui auront œuvré à la résolution de l’équation du déconfinement s’en trouveront modifiées. Pour le meilleur ?
L’événement
Une équation à plusieurs inconnues
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