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Protection de l’enfance : le casse-tête d’un déconfinement à la carte

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Pour près de 350 000 jeunes de la protection de l’enfance et les professionnels qui les accompagnent l’enjeu du déconfinement est conséquent. Et le secteur s’organise pour cette nouvelle étape dans la lutte contre le Covid-19.

Depuis le 17 mars dernier, les situations des professionnels de la protection de l’enfance ont varié d’une structure à l’autre. Certains établissements ont été contraints de fermer, d’autres ont assuré une continuité de l’action en présentiel. La situation, aujourd’hui, est très distincte pour chacun de ces acteurs et des inconnues demeurent quant au cadrage national. Le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance Adrien Taquet, qui a réuni mercredi 6 mai une trentaine de représentants du secteur, s’est voulu rassurant, affirmant notamment que les tests seraient généralisés en cas d’apparition des symptômes. La question des masques, obligatoires pour tous les professionnels, reste en revanche entière puisqu’il incombe aux départements de les fournir.

« La direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé nous a procuré des masques, on en a commandé nous aussi, mais en aurons-nous assez ? », s’interroge Justine Guidoux éducatrice spécialisée à la maison d’enfants à caractère social Clair Logis, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Ici, pendant la période du confinement, les 54 enfants accueillis ont été orientés vers des assistants familiaux ou vers leurs familles. « J’ai hâte de voir comment vont les enfants, de faire un bilan pour chacun d’entre eux », confie l’éducatrice, même si elle l’admet que « retravailler tous ensemble sera d’abord un peu particulier ». Arnaud Gallais, directeur général de l’association Enfant présent et administrateur de la Cnape (fédération d’associations qui accompagnement enfants et jeunes adultes en difficulté) a pris des décisions concrètes pour la réouverture.

« Dans nos crèches collectives préventives, nous avons une capacité de 70 bébés. Là on va passer à 30. De trois semaines en trois semaines nous augmenterons cette capacité. Quant à nos crèches familiales, qui accueillent 295 enfants, on a décidé de ne confier qu’un enfant par assistante familiale et maternelle. » Se pose la question de la « sélection » des enfants, « un casse-tête ! », reconnaît Arnaud Gallais qui entend utiliser à la fois les remontées du Samu social ou de la PMI, et sa connaissance des situations familiales pour parer au plus urgent. « J’ai aussi mis en place un contrat d’engagement pour les parents, afin qu’ils soient informés de la situation, qu’ils prennent en compte le fait d’arriver en horaire décalé pour ne pas se croiser. Mais très clairement, on ne rouvrira pas avant le 18 mai, au mieux. Car il faut aussi préparer le retour des équipes. »

Renforcer les moyens humains

Au département Henri Rollet de l’association Esperem, les 140 jeunes de 12 à 21 ans accueillis habituellement dans le pôle hébergement sont restés confinés dans leurs lieux d’accueil. « On est sur une continuité des dispositifs mis en place depuis quatre semaines. L’organisation sanitaire est intégrée par les équipes, on bénéficie de tout ce qu’on a déjà mis en place », explique Soizic Beaulieu, directrice adjointe de ce département. Selon elle, deux enjeux se profilent : le maintien de la continuité pédagogique – la plupart des jeunes sont au lycée –, et la régulation des sorties une fois le déconfinement prononcé. « On craint un peu la réaction des jeunes face à la possibilité de sortir, il va falloir cadrer cela. Même si beaucoup ont été exemplaires durant cette période difficile, la grosse interrogation, c’est le retour de professionnels qui étaient en arrêt, ceux qui doivent encore garder leurs enfants, ceux qui sont très anxieux… La différence avec le début du confinement, c’est qu’on a maintenant intégré les interrogations dans notre mode d’organisation », sourit la professionnelle. Une organisation qui passe aussi par des moyens humains qu’il va falloir renforcer, s’inquiète Jeanne Cornaille, déléguée nationale du GEPso, association regroupant 500 établissements publics du champ social et médico-social. « On a été un peu rassurés par l’annonce d’Adrien Taquet de prolonger la réserve sociale mais les ressources humaines restent une priorité. Car il va falloir gérer de front un retour en structure et l’afflux de nouveaux jeunes placés. On va devoir aussi gérer le trauma des enfants, accompagner ce nouveau changement du confinement au déconfinement, s’adapter aussi aux nouvelles contraintes. Tout ça se fait grâce aux moyens humains », affirme Jeanne Cornaille.

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