Leur inquiétude concerne actuellement le retour à l’école des enfants qu’ils ont en charge. Certaines assistantes familiales sont des personnes dites à risque, de par leur âge ou leurs pathologies. C’est aussi parfois le cas de leurs conjoints, alors il existe une réelle crainte d’être contaminée par un enfant qui aurait été en contact avec le virus à l’école. Par ailleurs, on nous fait part de situations où des départements veulent obliger les assistantes familiales à remettre les enfants en classe, alors que c’est censé être sur la base du volontariat. Sur ce point, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, a précisé les choses. Si les parents de l’enfant placé ne veulent pas le remettre en classe, leur choix sera appliqué. En revanche, s’il y a désaccord entre les deux parents, le juge des enfants sera contacté et devra trancher. C’est important que les parents aient voix au chapitre à ce sujet. Mais si, dans plusieurs départements, les inquiétudes des assistantes familiales ne sont pas prises en compte, quelques-unes envisagent d’appliquer leur droit de retrait. Il faut se figurer que certaines ne sont pas sorties depuis des semaines…
Il faut rappeler que nous avons donné comme mot d’ordre d’éviter le surnombre, car on savait qu’on allait être submergées, notamment avec l’école à la maison, avec des enfants de niveaux différents et parfois atteints de troubles. Il y a donc clairement des situations d’épuisement, avec la crainte de burn-out. Car, en plus de l’école, il a fallu gérer des troubles du sommeil, parfois de l’agressivité. Certaines collègues envisagent de poser des arrêts maladie, d’autant que nous ne savons pas quand nous pourrons souffler. La question des congés d’été se pose. Habituellement, nous envoyons pendant cette période les enfants en colonies de vacances. Or, avec l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 24 juillet, nous craignons que ce ne soit pas possible. Le secrétaire d’Etat nous demande de poser nos congés, mais il est conscient que les solutions d’accueil parallèles risquent de manquer. Quant à la solution des assistantes familiales relais, celles-ci ne seront pas assez nombreuses. Le déconfinement n’est pas simple, beaucoup d’inquiétudes se manifestent.
Effectivement. Nous nous interrogeons en particulier sur le cas des lycéens, dont les cours ne vont pas reprendre, semble-t-il, avant septembre, ainsi que sur celui des enfants en apprentissage ou en CAP. Comment vont s’organiser leurs épreuve, sachant que toutes les familles d’accueil n’ont pas nécessairement les outils informatiques adéquats pour les accompagner ? L’avenir de nos jeunes nous préoccupe beaucoup. S’ils sont globalement rassurés, et que certains se sont même « posés » pendant ce confinement, pour d’autres – dont ceux porteurs de handicap –, ça a été plus compliqué. Certains Itep [instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques] et IME [instituts médico-éducatifs] ont fermé et, dans certains cas, les assistantes familiales se sont senties très seules et n’ont pas reçu l’aide nécessaire. Heureusement, d’un autre côté, on a senti des référents et des psychologues très présents. Ce mercredi, d’ailleurs, lors d’une réunion entre les acteurs du secteur et Adrien Taquet, les associations ont souligné l’importance des assistants familiaux, et cette reconnaissance fait du bien. Nous avons fait en mars une pétition pour bénéficier nous aussi d’une prime de 1 000 €, comme les soignants. Le secrétaire d’Etat doit soumettre cette proposition à l’Assemblée des départements de France. En attendant, un amendement pour nous octroyer une prime exceptionnelle de 500 €, adopté en commission des finances du Sénat, a finalement été refusé en commission mixte, et ça c’est un coup dur.