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Le logement accompagné, un acteur devenu incontournable

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Durant la crise sanitaire, les associations qui accompagnent les publics en difficulté, et parmi elles celles qui gèrent des logements accompagnés, font preuve d’une grande agilité pour poursuivre leur travail dans des conditions souvent très difficiles. Pour l’Unafo, les pouvoirs publics devront reconnaître à ce secteur, dans le cadre du plan de relance, la place qu’il mérite.

« L’après ne sera pas comme l’avant. En tout cas, c’est ce que tout le monde s’accorde à dire, sans pour autant bien identifier les changements à ce stade. Mais pour le logement accompagné, ce ne sera pas qu’une formule.

Ce secteur regroupe des segments multiples (foyers de travailleurs migrants ou de jeunes travailleurs, résidences sociales, pensions de famille et résidences accueil) que rassemble au moins un objectif commun : permettre à des publics divers d’accéder à un logement adapté à leur situation. Une récente étude publiée par l’Unafo(1) montre à quel point le logement accompagné participe pleinement à la politique du “Logement d’abord” en offrant un logement aux travailleurs précaires, aux personnes sans ressources ou aux bénéficiaires de minima sociaux. Mais aussi aux familles monoparentales ou encore aux jeunes qui ne trouvent pas de solution de logement, y compris dans le logement social.

Toutes ces personnes sont particulièrement frappées par la crise sanitaire. Dans les foyers de travailleurs migrants qui n’ont pas encore été réhabilités – ne disposant pas de logements individualisés et souvent suroccupés –, les résidents constituent des populations à hauts risques. Et malgré tous les efforts mis en œuvre par les gestionnaires, les solutions de confinement sont compliquées, voire impossibles à trouver et à mettre en place. Dans les pensions de famille, les personnes se retrouvent confinées, isolées, alors même que, tout au long de l’année, les intervenants sociaux se mobilisent pour animer des actions collectives, recréer et entretenir le lien social. Dans les foyers de jeunes travailleurs, l’arrêt des contrats précaires et en intérim dans beaucoup de secteurs fragilise les jeunes, qui se retrouvent dans des situations économiques inextricables, avec comme corollaire une précarité accrue et des conséquences directes sur l’accès à l’alimentation.

Pendant cette crise, le logement accompagné démontre pleinement, s’il en était besoin, son utilité sociale. Les associations ont évidemment dû s’organiser dans des délais très rapides. Cette période a mis en lumière les qualités impératives d’adaptation et d’agilité pour mener à bien des missions d’accompagnement de personnes en difficulté et de gestion de situations individuelles souvent complexes et variées.

Maintien de permanences physiques régulières

L’un des principaux enjeux a naturellement consisté – et consiste encore – à préserver l’accompagnement individuel et le lien de proximité des équipes avec les personnes logées. La majorité des associations du réseau de l’Unafo ont maintenu des permanences physiques régulières. La mise en œuvre du télétravail pour certaines fonctions a conduit à chercher d’autres modes pour entretenir les liens, via des contacts téléphoniques, des groupes d’échange ou d’entraide sur les réseaux sociaux, des activités en ligne ou d’autres innovations qui ont modifié les rapports avec les personnes logées. Mais si cela peut tenir quelques jours, quelques semaines, il est indispensable de reprendre au plus vite l’accompagnement qui fait la force de notre secteur, tout en respectant bien entendu la distanciation sociale.

Si le contexte de crise a mis en lumière les capacités d’adaptation de notre secteur, quelques dysfonctionnements inhérents à chaque organisation ont pu apparaître, sur lesquels il conviendra de travailler. Il s’agit, en premier lieu, de se préparer à d’autres périodes de crise. Comme ailleurs, il a fallu dans certaines associations dépoussiérer en quelques jours les plans de continuité de l’activité. Mais également organiser la poursuite du lien social avec les résidents, garantir l’intervention des prestataires extérieurs, pallier les manques de soutien aux résidents concernant l’aide alimentaire, le soutien psychique ou l’accès aux droits, tout en garantissant la sécurité sanitaire des salariés. Cette crise conduira sans nul doute à adapter, même en dehors de tout contexte analogue, des organisations de travail toujours en mouvement pour tenir compte des enseignements d’une période si particulière, en particulier sur l’évolution des modes de travail, sur les attentes des salariés, sur la prévention des risques…

Certaines problématiques, qui existaient avant la crise sanitaire, ont été accentuées. C’est le cas notamment de la mobilisation des partenaires dans le suivi des personnes en souffrance psychique ou nécessitant des soins de santé réguliers. La “pénurie de moyens-dispositifs” a eu des répercussions sur la gestion de ces situations. Cet enjeu aura des effets immédiats dans la gestion de l’après-crise. En particulier pour stabiliser des situations individuelles fragilisées par la baisse ou l’absence de revenus durant la période de confinement, l’aggravation de l’état de santé, ou les effets d’un isolement prolongé sur la santé mentale. Mais il faudra aussi permettre aux résidents de poursuivre la mise en œuvre de leur projet personnel.

Toujours se réinventer

La date du 11 mai est déjà dans toutes les têtes, même si la sortie du confinement, nous le savons, sera progressive et devra se réaliser dans un contexte d’épuisement potentiel des personnes fortement mobilisées, tout au long de la crise, dans la poursuite de la mission impérative du logement accompagné. Il appartiendra ainsi à chaque association, une fois encore, d’adapter les organisations pour combiner la poursuite, pour certains salariés, du télétravail et le renforcement de l’accompagnement en présentiel. Il s’agit d’éviter des ruptures de droit, d’intégrer l’anxiété des salariés et des résidents, de reprendre progressivement des temps collectifs, de remobiliser les personnes logées, de chercher et de trouver des solutions individuelles en lien, par exemple, avec les partenaires de l’emploi ou de l’aide alimentaire.

Malgré la poursuite des actions menées, la crise aura aussi un impact économique certain sur le secteur du logement accompagné, même s’il est encore un peu tôt pour l’évaluer de manière précise : des impayés en nombre, une vacance qui risque de se poursuivre pendant des mois, des surcoûts importants (équipements de protection, frais de gardiennage, de désinfection, de sécurité…), des conséquences à long terme de l’arrêt des chantiers, qui ne permettront pas de livrer dans les délais des résidences sociales, et donc de loger des centaines de personnes. Plus le confinement sera long, plus les impacts économiques seront importants. Cette crise invite donc à inventer une véritable stratégie de développement des résidences sociales intégrant une évolution du modèle économique du secteur.

Ce plan de relance que nous appelons de nos vœux n’est évidemment pas qu’une réponse aux impacts économiques de la crise sur le secteur du logement accompagné. Il s’agit avant tout de proposer des solutions de logement adaptées à la situation des personnes et de participer pleinement aux politiques publiques (familles monoparentales, jeunes, victimes de violences conjugales…). La crise a montré l’agilité du gouvernement pour réquisitionner des chambres d’hôtel, mettre en place des centres d’hébergement dédiés. L’après-crise lui donne l’occasion de montrer sa capacité à accélérer le dispositif “Logement d’abord” et à reconnaître le rôle de premier plan du logement accompagné, que met en avant la récente étude précitée de l’Unafo. Ainsi, 30 % des personnes entrant dans un dispositif de logement accompagné en 2018 provenaient d’un centre d’hébergement ou de la rue, ce qui représente près de 10 000 personnes sur la totalité des logements gérés par les adhérents de l’Unafo. Un chiffre que l’on peut mettre en relation avec les 70 000 personnes à la rue ou hébergées que la politique du “Logement d’abord” a permis de reloger en 2018, selon les annonces du gouvernement. Définitivement, pour le logement accompagné, l’après ne devra donc pas être comme l’avant-crise. »

Notes

(1) « Les chiffres du logement accompagné » – www.unafo.org.

Contact : www.unafo.org

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