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Entraide et mobilisation : la protection de l’enfance à l’épreuve du Covid-19

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Educateurs, assistantes familiales, référents ASE, personnels des Mecs, bénévoles d’associations… Les milliers d’actrices et d’acteurs de la protection de l’enfance ont dû repenser leurs pratiques en cette période de confinement. En misant sur la réorganisation et la solidarité.

Pour le grand public, c’est la porte d’entrée de la protection de l’enfance : le 119 (numéro d’urgence de l’enfance en danger) a fait l’objet ces dernières semaines d’une vaste campagne de communication. Le nombre d’appels reçus a ainsi augmenté de 35 % depuis le début du confinement selon Pascal Vigneron, le directeur du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (Snated). On a enregistré 89 % d’appels supplémentaires la semaine du 13 au 19 avril 2020 par rapport à la même période l’an dernier. Pour faire face à cet afflux, et répondant à un appel d’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, plusieurs associations ont mis leurs équipes et bénévoles à la disposition du 119. C’est le cas de l’Enfant Bleu. « La solidarité entre nous n’est pas nouvelle, elle a toujours existé. Elle nous est naturelle, particulièrement en cette période », précise Isabelle Debré, la présidente de l’association.

« C’est une vocation »

Depuis le 23 avril, plus d’une dizaine de salariés et bénévoles de l’association interviennent en renfort des équipes du 119, à raison de deux personnes par semaine ; ils sont disponibles cinq jours par semaine pour accueillir des appels transférés par le Snated, en accord avec l’appelant. « Les bénévoles ont directement dit “oui” », affirme Isabelle Debré. « Pour eux, c’est une vocation. » Autre corollaire du confinement, la réorganisation des services s’est avérée nécessaire. La fermeture de nombreuses maisons d’enfants à caractère sociale (Mecs), la suspension des actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) à domicile, l’arrêt des rencontres entre enfants placés et leurs parents ont conduit à redéployer les effectifs, souvent sur la base du volontariat. C’est le cas de la structure que dirige Salvatore Stella, par ailleurs président du Carrefour national de l’action éducative en milieu ouvert (Cnaemo), dans le Calvados. « J’ai deux chefs de service qui ont fait des nuits d’astreinte en Itep [instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques], en plus de leur journée de télétravail en AEMO. Ils l’ont fait par solidarité, afin de permettre le bon fonctionnement de la structure. » Des redéploiements aussi observés entre différentes associations et structures. « Mais ce n’est pas possible partout. J’ai un collègue de Bourgogne qui a appelé. Il était débordé et ne savait plus comment faire, raconte Salvatore Stella. La solidarité se joue aussi là. Le Cnaemo lui a donné des conseils, l’a soutenu pour s’organiser. »

En Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus touchés par le Covid-19, il a fallu agir vite. En une dizaine de jours, le département a réquisitionné l’internat du collège international de Noisy-le-Grand pour accueillir jusqu’à quinze enfants habituellement placés en famille d’accueil ou en lieu de vie. Priorité étant donnée aux jeunes présentant des symptômes de Covid-19. Placée sous la responsabilité de la direction « enfance et famille » du département, la structure fonctionne avec une douzaine de professionnels volontaires venus de différents services. Mariam(1), éducatrice de l’aide sociale à l’enfance (ASE), s’est portée volontaire pour assurer des astreintes en plus des missions qui lui incombent en télétravail. « J’ai trouvé ça génial que ça ouvre en si peu de temps, avec des gens volontaires. J’ai rencontré des professionnels que je n’aurais jamais croisés ailleurs. On a quitté cette position d’attente, seul chez soi à gérer les situations au téléphone, pour une position d’action. » Mariam raconte ainsi la joie des enfants de se retrouver dans ce lieu. « Il faut aussi parler de la solidarité des agents du département qui se sont portés volontaires pour cuisiner pour nous. Pour le goûter, ils préparent des pancakes aux enfants ! Il y a plein de choses positives, de la vraie solidarité », conclut l’éducatrice aux semaines bien chargées. Une générosité qui dépasse le champ de la protection de l’enfance. Contactée par l’équipe de l’internat, l’association La Collecterie, une recyclerie solidaire de Montreuil, a fait don de 250 kilos de jouets : ballons de foot, BD, jeux de société... De quoi aider à faire passer ce temps si long.

Notes

(1) Le prénom a été changé.

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