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Violences, hébergement : difficultés accrues pour les personnes trans

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En temps de confinement, les violences transphobes s’accroissent, en particulier à l’intérieur du foyer familial, selon les associations spécialisées. Mais leur prise en charge et les places d’hébergement d’urgence pour les personnes trans sont insuffisantes. Le 17 avril, le gouvernement a rejeté trois amendements visant à renforcer ces dispositifs pour les jeunes LGBT+.

Une vingtaine de députés ont adressé, le 9 avril, un courrier à Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, afin de l’alerter sur la situation « particulièrement préoccupante » des jeunes LGBT+. En raison du confinement, ces jeunes, parmi lesquels les hommes et femmes trans, « sont surexposés aux violences, aux situations de rupture familiale et au risque de suicide », écrivent les députés. Pour Giovanna Rincon, directrice de l’association Acceptess-T, elle-même femme trans, les personnes trans « multiplient les facteurs de discrimination » : un certain nombre d’entre elles sont migrantes et/ou travailleuses du sexe (TDS)(1). Le contexte sanitaire aggrave leur précarité et le stigmate.

La situation d’une femme trans péruvienne, TDS et sans papiers, hébergée par un tiers à Colombes (Hauts-de-Seine), l’illustre parfaitement : « Les voisins ont demandé à l’hébergeuse de l’expulser. J’ai dû intervenir par téléphone pour leur expliquer l’urgence humanitaire », raconte Giovanna Rincon. Elle témoigne aussi d’un récent contrôle policier alors qu’elle se trouvait avec deux personnes trans devant le local d’Acceptess-T, à Paris : « Les policiers ont pensé que c’était un lieu de prostitution… Les publics perçus comme “dangereux” pour la santé publique sont ciblés : cette incitation au stigmate peut devenir très violente. »

Dédier des nuitées aux jeunes LGBTQI+

Les violences intrafamiliales s’exercent quant à elles sur de jeunes adultes trans, ou prennent la forme de violences conjugales. Ces situations sont plus nombreuses et plus concentrées qu’auparavant, estime Giovanna Rincon. L’enjeu de l’hébergement n’en est que plus fort. « Des personnes trans qui s’étaient réfugiées pour dormir au bois de Boulogne ont été chassées par la police. Les hôtels ont fermé. Il nous a fallu trouver des hébergements solidaires », explique Giovanna Rincon. Les députés signataires du courrier à Marlène Schiappa jugent que les services du 115 « ne sont pas un dispositif adéquat » pour les jeunes LGBT+ : ils ne sont pas tous sans abri et nécessitent, en outre, « une prise en charge similaire aux femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales ».

Les élus demandent à « flécher une portion » des 20 000 nuitées d’hôtel destinées aux victimes de violences conjugales « vers des jeunes LGBT+ victimes de violences intrafamiliales ». Voire à augmenter leur nombre afin d’y intégrer ce public. Les plateformes en ligne, ainsi que les actions de prévention dans les pharmacies ou centres commerciaux, pourraient également être élargies. Interrogé sur les mesures à prendre pour les personnes trans, le secrétariat d’Etat de Marlène Schiappa indique ne pouvoir répondre à notre demande. Le 17 avril, trois amendements visant à débloquer 120 000 € pour l’hébergement d’urgence d’une centaine de jeunes LGBT+, déposés dans le cadre du projet de loi de finances rectificatives pour 2020, ont été rejetés.

Santé sexuelle

Les personnes trans sont « parmi les plus éloignées du système de santé et d’accès aux droits », rappelle Giovanna Rincon, directrice d’Acceptess-T. Aujourd’hui, la continuité des soins – traitements hormonaux, initiation de transition, VIH… – est paralysée. L’équipe de médiatrices d’Acceptess-T oriente les personnes vers les professionnels à même de répondre aux besoins. Ainsi, une femme trans migrante a été dirigée vers un médecin infectiologue à Nancy : « Depuis deux mois en France, elle allait se retrouver en rupture de soins pour le VIH », précise Giovanna Rincon. Les personnes trans sans papiers sont particulièrement exclues. « Ce qui pénalise le plus les personnes face au Covid, c’est leur vulnérabilité sociale », résume la directrice. Selon elle, la sortie du confinement devra être l’occasion de « reconfigurer la prise en charge de la santé sexuelle » et de rappeler que « le soin social n’est pas à dissocier du soin clinique ».

Notes

(1) Voir ASH n° 3155 du 10-04-20, p. 16.

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