Une écrasante majorité de secteurs économiques est, elle aussi, impactée par une baisse de recettes. Mais moins pour l’immobilier puisque les loyers, ou les remboursements de prêts, demeurent, eux, des charges constantes que doivent assumer les ménages.
De quoi représenter une double contrainte de pertes de revenus et dépenses stables pour les ménages, qui seraient autour de 4 millions à la subir. Et si certains parviennent à absorber le choc, d’autres se retrouvent dans une situation difficile. Selon la dernière étude publiée par Pierre Concialdi, économiste, pour le compte de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), ils seraient entre 2,5 et 2,8 millions, et rassembleraient 6 à 7 millions de personnes.
Derrière ces chiffres globaux, comme toujours, se cachent de fortes inégalités. Le poids des dépenses contraintes n’a cessé d’augmenter pour tous les Français, passant de 12 % en 1960 à 27 % en 2017. Le logement (loyer mais aussi charges, énergie…) représente 57 % de ces dépenses préengagées. Mais chez les plus pauvres, cette part atteint 66 %, les ménages plus aisés pouvant par exemple être propriétaires.
47 % des ménages sont à la fois locataires, ou accédants à la propriété, et vivent de revenus dépendant principalement de leur activité. Tous sont soumis à l’« effet ciseaux » produit par le confinement. Mais là encore de façon variable. Certains parviennent à supporter la charge, notamment grâce à leur épargne. Mais d’autres, les plus pauvres, n’en ont pas, et ce sont les mêmes qui ont les plus bas revenus. Voire pas de revenus du tout pendant la période du confinement : 6 % selon le chiffre donné par le chercheur. L’étude pointe aussi des pertes de revenus très différentes selon le secteur d’activité : deux tiers des commerçants et artisans sont impactés, 48 % des ouvriers, 34 % des employés et 25 % des cadres et professions intellectuelles. En somme, les pertes de revenus touchent ceux qui, déjà, vivent avec des revenus modestes ou bas.
Ce tableau, déjà éclairant, n’intègre pas, comme le fait remarquer lui-même l’auteur de ce décryptage statistique, deux populations pourtant fragilisées elles aussi par le confinement : les étudiants, qui sont nombreux à devoir travailler pour vivre et financer leurs études, et les « invisibles », en particulier ceux qui vivent à la rue.