Le 19 avril, ministre des Solidarités et de la Santé, annonçait la réouverture progressive des Ehpad aux familles. Une mesure saluée par la majorité des professionnels du secteur. « Cette décision très encourageante, compte tenu du nécessaire prolongement du confinement sur les semaines à venir, devra également permettre d’en adapter les modalités afin que les kinésithérapeutes et bénévoles puissent également ré-intervenir », a par exemple souligné l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) dans un communiqué.
Et son président, Pascal Champvert, de demander expressément « la mise en place d’une réelle présence de psychologues ». « Dans les établissements et les services à domicile, nous risquons d’avoir des gens qui vont mourir d’autres choses que du coronavirus, des effets secondaires du confinement. Ils vont mourir à domicile de l’isolement. Ce soutien psychologique est nécessaire et il faudra qu’il soit pérenne », justifie-t-il. En effet, après le retour des familles, l’urgence, selon les acteurs du grand âge, est de faire revenir les personnels complémentaires, qui ne sont pas salariés de l’établissement mais qui y interviennent, en temps normal, de manière régulière.
« Avant même les visites encadrées, nous avons demandé la réintégration des professionnels dont nous avons absolument besoin », confirme Florence Arnaiz-Maumé. Et la déléguée générale du Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées) de lister, en plus des kinésithérapeutes et des psychologues, les professionnels dont elle souhaite le retour : psychomotriciens, ophtalmologues, animateurs sportifs… « Tout ce qui peut permettre l’activité physique manque terriblement. Il faut que ces professionnels puissent revenir de façon ponctuelle, réfléchie par la direction », assure-t-elle. L’ouverture des établissements aux familles, avec toutes les précautions nécessaires, devrait, par ricochet, permettre le retour des soignants libéraux. Mais le sujet n’est pas encore tranché.
« Le confinement a conduit les directeurs à mettre en place des organisations qui nécessitent davantage de personnels. Ce qui a exacerbé la situation de sous-effectif déjà criante et les établissements ont dû renforcer leur personnel soignant », appuie encore Emmanuel Sys. Le président de la Cndepah (Conférence nationale des directeurs d’établissements pour personnes âgées et handicapées) insiste, pour sa part, sur le nécessaire retour des animateurs : « Bien sûr que les tablettes numériques sont utiles, mais désormais le plus important, c’est le temps humain qu’il faut renforcer. » « Après un mois de confinement, les choses ne sont pas les mêmes, certifie Jérôme Voiturier, directeur général de l’Uniopss (union rassemblant des acteurs associatifs de la santé et de la solidarité). Les mesures prises au début doivent évoluer pour répondre aux besoins physiques, psychologiques des résidents. Les personnes accompagnées comme accompagnantes ont besoin de souffler. » Et d’ajouter : « Cependant, il faut s’assurer que le retour des personnels secondaires ou des bénévoles n’est pas un risque supplémentaire, n’entraîne pas une propagation du virus. »
L’essentiel étant la sécurité de tous, le retour des professionnels ne pourra se faire qu’au cas par cas. En fonction des besoins des résidents et de la capacité de chaque structure à mettre en place le retour de ces intervenants extérieurs tout en respectant la sécurité et les mesures-barrières. Et Hélène-Sophie Mesnage, déléguée générale adjointe de l’Unccas (Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale) de conclure : « Ce qui compte aujourd’hui, c’est de prendre le soin dans son ensemble. Il n’y a pas un élément plus important qu’un autre. C’est pour cela qu’il est important de faire revenir tous les acteurs : la famille comme les kinés ou les psychologues. L’Ehpad n’est pas qu’un lieu de soins. C’est un lieu du “prendre soin” avec la nécessité de coordonner et de faire intervenir, dans la mesure du possible, le maximum de professionnels. »