Cette pandémie n’aura pas créé une crise. Mais bien plusieurs. Une crise sanitaire, de toute évidence, mais aussi économique, politique et sociale. Et, enfin, une crise individuelle et solitaire. Cette pause infligée de force au pays nous atteint, personnellement et profondément.
L’isolement nous ramène à la plus simple expression de nos identités respectives, sans paravent ni fioritures sociales. Le Covid-19 est un miroir fidèle de nos identités. On le penserait grossissant ou déformant. A tort. L’image reflétée est fidèle et, avouons-le crûment, rarement flatteuse. Elle nous permet, a minima, de mesurer à quel point nos chaos intérieurs et nos psychés névrosées résonnent sur nos sociétés et nos environnements. Avec les effets destructeurs et délétères que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer. Le Sars-Cov-2 nous a ramenés à notre propre mortalité et questionne dans un même élan notre relation aux autres.
Refonder nos organisations sociales, c’est tout l’enjeu du « fameux monde d’après », présent sur toutes les lèvres mais dont personne ne sait encore réellement à quoi il ressemblera. En ces temps incertains, l’adoption d’une attitude humble et collective n’est pas dispensable. Elle est même l’unique socle qui peut nous permettre de sortir par le haut d’une inextricable situation. Ce simple constat est tout aussi réjouissant qu’ironique, alors que nous entrons, et probablement pour de longs mois encore, dans une ère de distanciation sociale physique.
Pour les animaux sociaux que nous sommes, tous et chacun d’entre nous, l’épreuve sera rude, mais elle peut être salutaire. Elle doit nous permettre de mesurer que l’individu ne peut plus prendre le pas sur le groupe. La situation actuelle entérine aussi aujourd’hui, et de manière définitive, la mort du darwinisme social. Au cœur de ce concept développé à la fin du XIXe siècle, une théorie qui présente le conflit comme la source fondamentale du progrès et de l’amélioration de l’être humain.
Alors que la pandémie court toujours, nous savons que notre planche de salut sera sociale, solidaire et collective. Ou qu’elle ne sera pas.