Ce vieux monde tarde décidément à disparaître. La pandémie de Covid-19, pour inédite, inconnue et virulente qu’elle soit, ne parvient pas à en venir à bout.
Car, pendant que les travailleurs sociaux, les professionnels de santé, les livreurs et tous « ceux qui ne sont rien » poursuivent avec abnégation leurs tâches, Geoffroy Roux de Bézieux arpente la France pour appeler la puissance publique à la rescousse du secteur privé. Pas de confinement pour le président du Medef, qui en profite pour mettre en garde les salariés : il faudra travailler plus, renoncer à ses congés et ses RTT pour « rattraper la croissance ». Le simple fait qu’il s’autorise de tels propos serait risible s’il n’était pas dramatique. Un message visiblement bien entendu par le chef de l’Etat, qui annonce un retour des enfants à l’école dès le 11 mai. Personne, et surtout pas les membres du gouvernement, ne sait concrètement comment se passera le déconfinement, ni même s’il sera effectivement possible à cette date. Sans parler des conditions de sécurité des travailleurs, de nos enfants, de nos seniors.
Cette crise sanitaire aura définitivement achevé ce qui restait de crédibilité à la parole gouvernementale. Les mensonges sur la disponibilité des masques et des matériels de protection ont scarifié ce pouvoir. L’infantilisation de tout un peuple est vouée, par nature, à l’échec. Ce féru d’histoire qu’est le président de la République devrait le savoir mieux que quiconque.
Que ce vieux monde et ses flagorneurs idolâtres, quel que soit leur âge, disparaissent donc une bonne fois pour toutes. Ils ont eu leur chance et des dizaines d’années pour nous convaincre que ce système était le meilleur.
Le bilan de leur idéologie mortifère est là, gisant, sous nos yeux confinés : jamais, dans l’histoire, les inégalités n’ont été si profondes. Jamais l’environnement et le climat n’ont été si dégradés, mettant en danger chacun d’entre nous. Rarement les besoins d’alternatives, d’humanisme et de partage n’ont été si forts. Ce vieux monde est déjà mort. Il ne le sait pas encore.
Mais il ne doit pas nous entraîner avec lui dans l’abîme.