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« Une expérience inoubliable »

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Qu’est-ce qui pousse un jeune de 22 ans à continuer son service civique malgré la crise sanitaire actuelle ? Et d’autant plus quand il faut se rendre chaque semaine dans un Ehpad, possible cluster de contamination… « Je sens que j’ai un rôle à jouer. J’ai l’impression que je soulage les résidents et les personnels », répond Jean-Michel Chapuis, volontaire en service civique à l’Ehpad Saint-Benoît de Chambéry (Savoie). Et d’ajouter : « Je vais sans aucun doute sortir grandi de cette aventure humaine. Une expérience comme celle-là, je ne l’oublierai pas. » Pourtant, il y a encore quelques semaines, rien ne le prédestinait à se retrouver là. En septembre dernier, le jeune homme est encore en troisième année de licence à l’étranger. Mais des raisons familiales l’oblige à rentrer en France et se retrouve sans occupation pour le second semestre. Comme il cherche à s’orienter vers l’humanitaire et l’analyse de crises, le service civique lui semble être un plus pour son CV.

« Par rapport à tout ce que l’on peut lire et entendre sur les Ehpad, j’ai pensé que mon aide pourrait être précieuse. Je n’étais pas dans l’idéalisme, j’étais prêt à me confronter à la réalité du terrain, parfois difficile. Et curieux de savoir comment cela se passe vraiment. D’autant que j’avais le désir d’être proche de personnes qui sont à une période de leur vie où elles ont besoin de présence, d’empathie, de communication surtout, ajoute encore Jean-Michel. Une manière aussi d’apporter une nouvelle génération dans l’établissement. Je suis l’un des plus jeunes, je pourrais être l’arrière-petit-fils de la plupart des résidents. C’est un gros plus pour eux. » Le jeune homme a donc débuté sa mission le 17 février pour, normalement, la terminer fin août… Avant que la crise du coronavirus ne frappe la France et ses Ehpad.

« Je n’ai pas hésité une seule seconde »

En quoi consiste son service civique et que peut-il apporter de plus à cette structure ? « Ma mission est très intergénérationnelle. Je dois permettre l’accès des personnes âgées à la vie sociale et culturelle, explique le jeune homme. Je ne porte pas de blouse, je n’ai pas le titre de psychologue, de cadre de santé, donc parfois les résidents sont plus à même de me parler, de se confier. Le gros avantage par rapport aux soignants, c’est que j’ai tout mon temps à leur consacrer. Quand les professionnels doivent enchaîner les toilettes, les soins… moi j’ai tout le temps pour échanger. » Si Jean-Michel a commencé son service civique avant le début des premières mesures, il a constaté sur le terrain l’évolution des principes de précaution à prendre. Depuis des mesures-barrières à faire respecter jusqu’aux interdictions de visites aux proches et intervenants extérieurs. Et, à l’annonce du confinement national, sa mission a été suspendue. Mais, dix jours plus tard, l’établissement le recontacte, on a besoin de lui…

Du temps à consacrer aux résidents

« Je n’ai pas hésité une seule seconde à revenir, assure-t-il. Je pense que mon soutien à l’animation est encore plus important, encore plus nécessaire aujourd’hui. Je trouvais dommage de ne pas continuer ma mission alors que c’était à ce moment-là que les personnes âgées avaient le plus besoin de moi, que je me sentais le plus utile. J’étais donc impatient qu’on me dise de revenir. » Et de poursuivre : « A mon retour, ma mission a consisté, tout d’abord, à aider les résidents d’appeler leur famille via Skype. Comprendre le principe de la visioconférence (échanges avec leurs enfants en temps réel…) n’est pas forcément évident pour cette génération. Pour une conversation Skype de 20 minutes, il me faut 15 à 20 minutes de préparation. Encore une fois, du temps que les personnels n’ont pas. Ma présence est donc une heureuse chose, d’autant qu’il y a 80 résidents… » Jean-Michel remplit un autre rôle. Celui de faire faire un peu d’exercice aux résidents : promenades dans le jardin, quelques pas dans les couloirs. « Le point le plus préoccupant actuellement pour le personnel de l’établissement est de s’assurer que les personnes âgées ne soient pas sur une pente glissante au niveau physique et moral, souligne-t-il. Il ne faut pas que ce confinement ait des répercussions après la crise. Cette situation crée beaucoup de stress chez certains résidents, qu’il faut essayer de minimiser le plus possible. Je passe donc beaucoup de temps en individuel avec chacun d’eux, entre 20 et 30 minutes par personne. ». Et de conclure : « Je vis une expérience inoubliable. »

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