Les habitudes ont changé. Sitôt la porte du domicile franchie, les intervenantes du service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) de l’Association pour l’accompagnement et le maintien à domicile (Apamad, réseau Apa), dans le Haut-Rhin, procèdent à une « évaluation du risque épidémique », en posant à la personne âgée visitée quelques questions à distance : par exemple, a-t-elle chaud, ou toussé ? Autant de façons de s’assurer qu’il n’y a pas de symptômes d’une rechute après une hospitalisation pour Covid-19. Et ainsi éviter toute contagion.
Progressivement, en petit nombre encore, des personnes âgées ou handicapées regagnent leur domicile, guéries du coronavirus. Dès lors, des précautions s’imposent. « Dans le doute, nous appliquons pendant 15 jours après la sortie les mesures de protection », explique la directrice adjointe du service, Sophie Streicher. Le tout en veillant à ne pas altérer le lien entre soignant et patient et, dit-elle, en se montrant très économes en masques, en blouses… « On a tout compté, pièce par pièce, en fonction du nombre de personnes suivies. On a réussi à ne pas affronter de pénurie. » Les 15 jours passés, la fin du confinement est actée et mise par écrit, pour que l’ensemble des intervenants dispose de l’information.
Sophie Streicher se réjouit que les personnes accompagnées par son service aient été plutôt épargnées. Pour l’heure, quatre ou cinq personnes de retour d’hospitalisation sont suivies, pour un service qui compte près de 250 places. Dans l’Oise, l’un des premiers clusters de l’épidémie, Christophe Houdet, directeur général de l’ADMR du département, explique que ses personnels interviennent chez 14 personnes dans cette situation, âgées majoritairement de plus de 75 ans, plus de 90 ans parfois.
Il se réjouit que la transmission d’un protocole de suivi avec l’hôpital se passe dans de bonnes conditions. « Pour limiter les risques, nous diminuons le nombre d’intervenants, et seuls des personnels précisément formés au sujet sont sollicités. » Des responsables de secteur veillent à la bonne transmission et compréhension des consignes sanitaires par les équipes.
Quand ils ne peuvent se déplacer au domicile, les professionnels appellent les résidents isolés. Et les familles les sollicitent davantage pour avoir des nouvelles régulières de leurs proches.
Parfois, en particulier pour les personnes handicapées, rentrer chez soi après avoir guéri du Covid-19 consiste à regagner son établissement, son foyer de vie, sa maison d’accueil spécialisé… Ainsi, au 8 avril, l’AEIM (Adultes enfants inadaptés mentaux) de Meurthe-et-Moselle a accueilli trois résidents à leur sortie d’hospitalisation. « Les transmissions et relations intersectorielles, entre l’hôpital et l’établissement, sont, jusqu’à présent, très efficaces, observe Rachel Rampont, directrice du pôle« santé » des établissements de l’ensemble du département. Les hôpitaux ne renvoient pas les malades sans s’assurer qu’ils seront accueillis dans de bonnes conditions. » En amont, l’hôpital transmet à l’établissement une date de retour et lui remet, à l’arrivée du résident, les informations sur la date de fin d’isolement et les soins à administrer.
Cette association départementale, membre de l’Unapei, a choisi de modifier temporairement son organisation interne et de faire intervenir Delphine Sauvage, médecin coordonnateur, y compris dans les établissements comme les foyers Esat, qui ne comptent pas, hors temps d’épidémie, parmi ses champs de compétence. Son rôle ? « Je fais le pont entre le secteur sanitaire, l’établissement et le médecin traitant pour que personne n’ait rien à réinventer. » Une infirmière a également été désignée pour intervenir dans l’établissement.
Enfin, souligne Rachel Rampont, il faut souvent, pour les personnes déficientes mentales, réexpliquer le confinement ou les raisons de l’hospitalisation. « Il y a eu une perte de repères, le temps de l’hospitalisation. Il faut trouver les outils adaptés, des pictogrammes par exemple, pour une bonne compréhension de la situation. »